894.000 euros de travaux… et une nouvelle tribune polémique
Vendredi 27 mai 2011, après son déplacement en terres angevines, le Dijon football Côte-d’Or (DFCO) ouvrira une page de son histoire dans l’élite du football français. Cette montée en Ligue 1 aura d’abord des conséquences purement footballistiques puisque le Parc des sports devra impérativement faire peau neuve afin de répondre aux exigences de la L1… « Le stade appartient à la ville de Dijon et est loué au club pour une utilisation exclusive. Il avait été pensé, avec la construction des tribunes Nord et Sud, dans la perspective d’une montée en L1 : beaucoup de travaux avaient donc déjà été engagés », introduit Gérard Dupire, adjoint aux Sports à la mairie de Dijon. Pour autant, la Ligue 1 a ses impératifs, qui demanderont aux collectivités un investissement de 894.000 euros.
Pour quoi faire ? Tout d’abord, de nouvelles salles pour les sportifs et les journalistes à hauteur de 100.000 euros, « ce qui ne présente pas de problème de délai puisque la dépense est réalisée sur des lignes budgétaires existantes aux Sports ou aux Travaux », selon Gérard Dupire. L’augmentation du parc de caméras de vidéosurveillance coûtera quant à elle 190.000 euros. « Le plus cher, pour nous, sera d’adapter l’éclairage du stade aux exigences des télévisions : tandis qu’Eurosport filme avec 1.200 lux, Canal + a besoin de 1.700 lux pour tourner… Coût total de l’opération : 500.000 euros », détaille Gérard Dupire. Sur le principe, le Grand Dijon a déjà donné son accord pour participer aux frais à hauteur de 100.000 euros, la Région pour 50.000 euros et le Département n’a pas encore formulé sa réponse. Voilà pour l’investissement. « En ce qui concerne le fonctionnement du DFCO pour la saison 2011-2012, le Grand Dijon ne modifiera pas sa subvention. Il reviendra au club de monter un budget, fort de nouveaux revenus : il percevra en effet plus de droits, aura des produits à vendre complètement différents, des partenaires nationaux… », souligne Gérard Dupire.
Seule ombre au tableau : la Ligue de football professionnel (LFP) demande également la construction de tribunes spéciales pour les supporters adverses, afin qu’ils soient isolés dans leur cheminement et ne croisent pas le public local – pour des raisons de sécurité. « La Ligue demande la construction d’une tribune tubullaire Nord-Ouest, qu’on ne veut pas faire », note Gérard Dupire. Et de préciser : « Leur proposition présente beaucoup de défauts. Tout d’abord, elle ne permettra d’accueillir que 450 personnes et cela ne suffira pas pour certains matchs, j’en suis sûr. Cela veut dire que nous devrons répartir des supporters ailleurs et c’est un risque. D’autre part, un très gros pylône d’éclairage va gêner la vue à cet endroit. Enfin, il nous faudrait la construire sur un support béton de 80 centimètres, ce qui représente un volume de travaux très important ! ». Pour la ville de Dijon, la solution serait plutôt de moduler une partie de la tribune Nord en fonction des matchs… « Lorient ne vient pas avec autant de monde que Marseille ou Paris ! », remarque l’adjoint aux Sports. Outre cette tribune modulable jusqu’à 900 places, Gérard Dupire proposera également à la Ligue d’ajouter des tribunes basses aux deux extrémités de la tribune Ouest, ainsi que 1.600 places debout au Nord et 1.600 au Sud.
Un centre de formation « pour éviter que tous nos joueurs filent en Angleterre »
Que la ville ait un club de football au sein de l’élite sportive est positif. Y rester plusieurs années le serait encore davantage. « Cela passe par le lancement du centre de formation du DFCO », remarque Gérard Dupire. Et de continuer : « Ce projet aurait dû être mis en place depuis trois ans puisque c’est une obligation pour tous les clubs professionnels. Nous avons perdu du temps avec l’étude d’une implantation à Chenôve et aujourd’hui, le mouvement est enfin enclenché ». Qu’apportera un centre de formation à l’équipe de Ligue 1 ? « Une telle structure est indispensable pour la pérennité et l’économie d’un club professionnel. Vous avez en effet, à Dijon et dans la région, de très bons joueurs formés dans les clubs locaux, qui disparaissent en Angleterre sans qu’on les ait vus passer ! Avoir un centre de formation nous évitera de nous faire « piquer nos joueurs ». A Dijon, d’ailleurs, la situation était encore pire puisque le pôle espoir Bourgogne Franche-Comté nous permettait de mettre en vitrine tous les bons jeunes avant qu’ils ne soient recrutés pas d’autres ! ». A l’heure actuelle, la construction d’un deuxième stade en synthétique est prévue au complexe sportif des Poussots et l’international Florent Malouda est d’ores-et-déjà associé au projet… Son objectif : faire venir des jeunes de pays défavorisés tels qu’Haïti pour les former au football à Dijon. « Plus nous aurons de bons jeunes, plus nous aurons de chances que le club soit performant dans la durée », souligne Gérard Dupire.
Autre conséquence attendue avec la montée : la recrudescence des inscriptions dans les clubs de football de la ville… « Nous observons très clairement ce mouvement dès qu’un sport brille sur le plan national en raison des Jeux olympiques ou de championnats du monde. A chaque fois, le nombre d’inscriptions dans les clubs suit l’événement d’une façon très sensible ! », remarque Gérard Dupire. Et de préciser : « Cela est d’autant plus valable quand c’est le club de la ville qui brille ».
D’une manière moins visible en terme d’infrastructures et d’économie, la montée semblerait également être vecteur de lien social à Dijon, selon l’adjoint aux Sports de la ville… « Les performances du DFCO fédèrent la population comme jamais, elles ont un grand écho. Il ne passe pas une heure sans que quelqu’un me demande : « Alors, le DFCO, c’est la Ligue 1 ? »… Même chez des gens qui ne s’intéressent pas du tout au football ! Je pense que sur ce point, fédérer une population autour des valeurs du sport est très positif », souligne-t-il.
Des retombées économiques et plus de travail pour la police…
D’un point de vue économique, les conséquence de la montée en Ligue 1 seront multiples. « Tout d’abord, le DFCO est une entreprise en tant que telle, enregistrée au registre du commerce. Cette montée induit donc un potentiel de croissance important, qui va entraîner des embauches au sein du staff technique et administratif pour porter l’effectif du club à plus de cinquante personnes », remarque Patrick Laforêt, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Côte-d’Or (CCI 21), également membre du conseil de surveillance du DFCO. Côté sponsoring, les contrats devraient également être plus intéressants pour le club… « Je pense effectivement que le sponsoring va de pair avec la catégorie dans laquelle on joue. Evidemment, la montée va conforter les sponsors historiques : c’est à eux que je pense en premier lieu car ils nous ont soutenu et nous ont permis d’en arriver là. D’autre part, nous allons voir arriver d’autres types de sponsors, plus intéressés par le véritable aspect médiatique que par l’aspect passionné et personnel », analyse-t-il.
Matchs retransmis en direct sur Canal +, articles hebdomadaires dans le journal L’Equipe… Toutes les semaines, le nom de Dijon apparaîtra sur les écrans de télévision, dans les journaux ou sera entendu à la radio. « L’exposition sportive et médiatique en L1 est sans commune mesure avec celle de L2. Cette montée va aider à positionner encore mieux Dijon sur une carte géographique et conduire à un concept plus global qu’on appelle l’attractivité d’un territoire. En résumé, une ville a deux options : ou bien elle apparaît sur les écrans radars ou bien elle n’y est pas ! Et effectivement, au même titre que l’inscription de la côte viticole au patrimoine mondial de l’Unesco, que les grands événements culturels, que l’Auditorium etc., je crois que l’accession en L1 est très positive pour une ville comme la nôtre en terme d’attractivité », détaille Patrick Laforêt. Et de citer Patrick Chirac, personnage principal du film Camping : « Il disait que « Dijon, tout le monde sait où c’est mais personne ne s’y arrête » : souhaitons que cette nouvelle pierre à l’édifice inverse la tendance ! ». Une évolution qui ne pourra pas se faire « si l’ensemble du territoire économique n’est pas en ordre de marche sur tous les facteurs d’attractivité : la mise à disposition de foncier, de services, la qualité de déplacement – par l’aéroport, le TGV, le tramway – ou encore l’école de commerce… », selon Patrick Laforêt. Et de conclure : « Tous ces éléments-là constituent les éléments d’un bon dynamisme économique ; et pas seulement la montée en Ligue 1 ».
Du côté des forces de l’ordre également, l’accueil d’équipes comme le PSG ou l’Olympique de Marseille devrait présenter de nouveaux défis… « En terme de police, la montée va nous amener plus d’activité », souligne François Perrault, directeur départemental de la sécurité publique en Côte-d’Or. Et de préciser : « J’ai occupé le même poste dans l’Aube, quand l’Estac (ndlr : le club de Troyes) était en Ligue 1, donc j’ai l’habitude et l’expérience de ces saisons où l’on reçoit, sur les vingt matchs, quatre ou cinq équipes où les supporters doivent être plus encadrés… Mais aujourd’hui, l’exclusion des stades a beaucoup facilité les choses car nous pouvons surveiller en amont qui vient. Ensuite, nous avons une très bonne vision de ce qui se passe dans le stade depuis notre PC de sécurité : nous pouvons donc facilement interpeller tous les perturbateurs ». Seul hic : « Rappeler des fonctionnaires le week-end a un coût important, qu’il faudra assumer », conclut François Perrault… Entre travaux d’infrastructure, nouveau dynamisme économique, rayonnement de la ville et mutations des forces de l’ordre, la montée du DFCO en Ligue 1 transformera le visage de la ville. Ne reste plus qu’à espérer une saison 2011-2012 fructueuse pour l’équipe, afin que l’élite du football français soit plus qu’un rêve passager pour Dijon…