Avant de quitter ce siège que j’occupe provisoirement, je fais appel à candidature ». C’est par ces mots qu’Henri Julien, doyen de l’assemblée départementale, a lancé le scrutin pour élire le nouveau président du conseil général de Côte-d’Or. Suite logique des élections cantonales, qui avaient vu le camp de François Sauvadet sortir vainqueur, ce dernier a été réélu, jeudi 31 mars 2011, au poste de président du département, face à Roger Ganée, candidat de la coalition PS-PRG-DVG, qui était sorti vainqueur d’un duel l’opposant au Front national. Retour sur une session pour le moins houleuse…
François Sauvadet, assuré de « Ganée »
Jean-Claude Robert, chef de file des forces de progrès qui regroupe les élus de gauche, l’a martelé : « Nous sommes fiers d’avoir évité à la Côte-d’Or la honte du premier conseiller général d’extrême droite ». Deux des vingt-et-un candidats FN s’étaient en effet maintenus pour le second tour, dimanche 27 mars 2011 : l’un sur Beaune Nord, l’autre sur Saint-Jean-de-Losne (Lire notre article ici). « Personne n’a appelé clairement à voter Roger Ganée, contrairement à ce que nous avons fait pour le candidat de Beaune Nord », a-t-il rappelé avant de présenter la candidature de ce dernier, « au nom des valeurs républicaines ».
Si la dernière intronisation, en 2008, était restée dans les annales pour son aspect sensationnel – le candidat Modem, Marc Frot, ralliant à la dernière minute le groupe UMP-Nouveau centre – celle-ci n’a pas réservé de surprise. Soulignant le « succès d’un travail d’équipe », François-Xavier Dugourd, a plébiscité la candidature de François Sauvadet pour Initiatives Côte-d’Or. Assez logiquement, le patron du groupe Nouveau centre à l’Assemblée nationale a été réélu au poste de président après avoir conforté, au niveau départemental, sa majorité. Vint-trois des quarante-trois élus du conseil lui ont ainsi apporté leurs suffrages, contre vingt pour le candidat socialiste Roger Ganée. Henri Julien, fort de ses 77 ans, de lui céder son fauteuil, « avec un certain plaisir », pour laisser place au discours de politique générale, déterminant quatre priorités pour les trois prochaines années.
Une opposition ville/campagne ?
« Rien n’est pire que l’immobilisme quand tout bouge dans nos vies », a introduit le président de l’assemblée départementale. « Cette nouvelle étape, je l’aborde avec beaucoup d’esprit de responsabilité et avec la volonté d’assumer les engagements pris ». Pour cette nouvelle mandature, les présidents des cinq commissions n’auront pas de charges exécutives, « il n’y aura pas de cumul des fonctions », a commenté François Sauvadet, qui ajoute qu’en outre, la commission permanente sera composée de l’ensemble des élus, « une main tendue » à l’opposition… qui ne l’a pas entendu de cette oreille et s’est abstenue sur ce point. Mais revenant à sa feuille de route, François Sauvadet a dégagé quatre points : l’équilibre territorial, le développement économique et l’emploi, le soutien aux personnes les plus fragiles et la préservation de l’environnement et du cadre de vie.
« Nul ne souhaite l’affaiblissement de Dijon mais il faut reconnaitre la diversité des territoires de la Côte-d’Or comme une chance », a considéré le président du département. Un point de friction entre les deux groupes… « Nous prenons acte d’avoir perdu la bataille choisie par François Sauvadet : l’opposition ville/campagne », a commenté pour sa part Patrick Molinoz, élu PRG sur le canton de Venarey-Lès-Laumes. « Je m’inscris dans une opposition constructive, je ne laisserai plus dire ou faire ce qui affaiblit la ruralité », a poursuivi le président.
Une session sous pression
Si les deux partis ont semblé s’entendre au départ, une suspension de séance a finalement remis en cause cette douce « harmonie »… Prévue par le protocole, celle-ci doit permettre à chaque élu de regagner sa place et de retrouver son groupe politique. Au retour, Jean-Claude Robert prend la parole pour présenter ses félicitations à son adversaire politique et regretter l’absence de « ceux qui ont dû subir la dure loi du suffrage universel ». Selon lui, l’élection a été marquée par une trop forte abstention : « Nous déplorons un vote important en direction des extrêmes », pointant du doigt l’attitude de certains, même « au plus haut niveau de l’État », de ne pas faire barrage au Front national. « Juste après l’élection, poursuit-il, l’État annonce la suppression de 79 postes dans les écoles de Côte-d’Or. Ce n’est pas le meilleur moyen de défendre la ruralité ». Après quoi il a ajouté qu’avant d’être minoritaire au conseil général, le groupe des Forces de progrès a recueilli 57.700 voix au total (soit 54,24%), représentant 297.138 Côte-d’Oriens (soit 55,50% de la population).
« Monsieur 483 voix », entend-on alors dans l’assemblée lorsque Alain Houpert prend la parole : « Je suis heureux d’être à tes côtés », assure-t-il avant de revenir sur le contexte du suffrage : « Cette élection est celle de la vérité » et de souligner « le sang-froid perdu » par Jean-Claude Robert, allusion à un fait divers survenu la veille du second tour (Lire notre article ici). S’en est alors trop pour le conseiller général de Gevrey-Chambertin, qui quitte la salle avec l’ensemble du groupe. Retranché dans une salle, il sera rejoint quelques minutes plus tard par François Sauvadet, qui prendra « Jean-Claude » sous le bras pour discuter dans le couloir, puis à l’abri des oreilles des journalistes : »Nous ne rentrerons pas, nous ne transigerons pas ».
En coulisse, les âmes s’échauffent. Les élus des Forces de progrès reviennent même dans la salle des séances pour plier bagage, exigeant des excuses du sénateur DVD. Au bout d’une quarantaine de minutes, Alain Houpert reprendra la parole affirmant n’avoir voulu « blesser » personne à travers ses propos. Les émotions ont ensuite laissé place à l’ordre du jour, avec notamment l’élection des cinq commissions (Voir le détail ci-dessous). François-Xavier Dugourd de se réjouir : « La parité n’est pas parfaite mais je salue le fait que trois présidents de commissions sur cinq soient des femmes, c’est un signe fort pour notre département ». À noter : le conseil général compte quatre femmes et la moyenne d’âge des candidats fraîchement élus est d’environ 58 ans.
Commission permanente :
- Président : François Sauvadet
- Questeur : Henri Julien
- Vice-présidents : Alain Houpert, François-Xavier Dugourd, Hubert Brigand, Jean-Pierre Rebourgeon, Anne-Catherine Loisier, Emmanuel Bichot (rapporteur du budget), Ludovic Rochette, marc Patriat, Claude Vinot, Gilbert Menut, Denis Thomas, Nicolas urbano
- Secrétaire : Charles Barrière, Dominique Girard, Georges Morin, Laurent Thomas
Commissions intérieures :
- Affaire financières, générales et ressources humaines : Martine Eap-Dupin (Présidente), marc Patriat (Vice-président), Emmanuel Bichot (Rapporteur du budget), Charles Barrières, Michel bachelard, Patrick Molinoz, Pierre-Alexandre Privolt, Jean-Claude Robert
- Aménagement du territoire, économie, agriculture et développement durable : Marc Frot (Président), Denis Thomas (VP), Alain Houpert, Dominique Girard (secrétaire), Yves Courtot, Pierre Poillot, Paul Robinat, Roger Ganée
- Infrastructures, transports, bâtiments et habitat : Joël Abbey (Président), Gilbert Menut (VP), Anne-Catherine Loisier (rapporteur), Hubert Brigand, Ludovic Rochette, Pierre Gobbo, Robert Grimpret, Gabriel Moulin, Gérard Leguay
- Actions sociales et intergénérationnelles : Emmanuelle Coint (Présidente), Laurent thomas (VP), Georges Morin (secrétaire), Claude Vinot, Noël bernard, Jean Esmonin, Alain Millot, Colette Popard
- Jeunesse, animation touristique, sportive et culturelle : Catherine Louis (Présidente), jean-Pierre Rebourgeon (VP), François-Xavier Dugourd, Nicolas Urbano, Jean-Paul Noret, Jean-Yves Pian, Roland Ponsâa, laurent Grandguilaume.
Commission des appels d’offres : Charles Barrière, Gilbert Menut, Catherine Louis (Denis thomas, Ludovic Rochette, Nicolas Urbano), Gabriel Moulin, Robert Grimpret (Yves Courtot, Pierre Poillot)
Conseil d’administration du SDIS : Jean-Pierre Rebourgeon (Hbert Brigand), Georges Morin (Laurent Thomas), Charles Barrière (Gilbert Menut), Claude Vinot (Alain Houpert), Emmanuel Bichot (D enis Thomas), Emmanuel Coint (Joël Abbey), Nicolas Urbano (Catherine Louis), Marc Frot (Henri Julien), François Sauvadet (Martine Ead-Dupin), Anne-Catherine Loisier (Marc Patriat), Pierre Gobbo, (yves Courtot) Noël Bernard (Patrick Molinoz), Jean-Claude Robert (Pierre-Alexandre Privolt).