Quel est le point commun entre le Centre Pompidou de Metz et les habitations construites d’urgence au Japon après le séisme de Kobé, en 1995 ? L’architecte Shigeru Ban, spécialiste des constructions en papier ! Alors que l’une de ses œuvres sera exposée dans le cadre du Salon des antiquaires de Dijon, du vendredi 13 au dimanche 22 mai 2011, dijOnscOpe s’est penché sur le parcours de ce créateur hors-normes…
Une maison en carton, ça vous tente ?
Si vous êtes resté émerveillé(e) devant la Halle du toueur ou le centre d’interprétation du canal de Bourgogne à Pouilly-en-Auxois, en Côte-d’Or, sachez que vous connaissez déjà Shigeru Ban ! Tokyoïte de naissance – en 1957 -, il part vers les États-Unis pour obtenir son diplôme d’architecture avant de fonder sa propre agence au Japon, en 1985… Et déjà, l’architecte surprend. Son travail est aussitôt remarqué grâce à la scénographie qu’il présente pour l’exposition d’Emilio Ambasz à l’Axis Gallery de Tokyo, en 1985 : entièrement conçue à partir de tubes de carton, cette mise en scène attire l’attention du microcosme artistique japonais… Après cette première expérience, les tubes de carton resteront les éléments de base de son architecture.
Au fil des ans, l’on doit surtout à Shigeru Ban de nombreuses expérimentations autour de la maison. Case Study Houses, par exemple, est le nom des villas qu’il réalise au Japon en référence aux maisons californiennes des années 1950… Ces constructions quasi-expérimentales sont l’occasion de redéfinir, par exemple, ce qu’est une enveloppe (Wall-less house ou Curtain-wallhouse), de réfléchir à la partition d’une maison (9 Squares grid house) ou encore de penser la place du mobilier (Furniture Houses).
Ses tubes de carton ont également été employés pour la réalisation du pavillon japonais Paper Tube Structure 13 à l’occasion de l’exposition universelle de Hanovre en 2000. Quant à la grande nef du Centre Pompidou Metz, il l’a réalisée comme un maillage de fines pièces de bois, inspiré du travail de vannerie… Outre ses créations pour la commune de Pouilly-en-Auxois, Shigeru Ban fera de nouveau parler de lui dans la région en 2011, puisqu’il est l’architecte de l’extension du centre d’art contemporain Le Consortium à Dijon. « Le Consortium 2 sera une usine de 4000 m², cernée et accueillante, distribuant sur trois niveaux espaces d’expositions, salle de concert, librairie ou encore restaurant », explique Franck Gautherot, co-directeur du centre d’art contemporain… Ce nouvel espace ouvrira ses portes les 09, 10 et 11 juin 2011 à Dijon.
Shigeru Ban, architecte de l’urgence
Surtout, l’architecture de Shigeru Ban prend tout son sens dans la Paper Log House, maison de carton mise au point après le grand tremblement de terre de Kobé en 1995… « Le séisme a dévasté la ville, tuant des milliers d’habitants et laissant les rescapés privés de tout. Ban propose alors de construire des petites maisons pouvant accueillir une famille, constituées de tubes de carton pour les murs, de bâches tendues en guise de toit et de caisses de boisson lestées de sable pour les fondations. Au final, chaque maison est chaleureuse et confortable. Elle abrite les familles avec dignité », relève Franck Gautherot. Son architecture d’urgence sera réutilisée par la suite en 1999 à Izmir, en Turquie ; en 2004 au Sri Lanka où il intervient à la suite du tsunami ; et en 2009 à L’Aquila en Italie, où le séisme a dévasté la ville et mis à terre la plupart de ses monuments historiques, Ban a été appelé pour construire un auditorium temporaire.
C’est justement un modèle de ces maisons d’urgence que Le Consortium invite à découvrir dans le cadre du Salon des antiquaires, au palais des expositions de Dijon du vendredi 13 au dimanche 22 mai 2011. « La dramatique actualité du Japon rend le choix de présenter Shigeru Ban et son pavillon d’urgence encore plus sensible et nécessaire », note Franck Gautherot. La Paper Log House, qui concurrence les autres types d’abris d’urgence non seulement en termes de coût et de rapidité de construction mais également de recyclage et de simplicité de stockage, sera donc à la fois l’occasion de rendre hommage aux victimes du séisme dévastateur, tout en lançant une réflexion sur l’habitat écologique…
Cerise sur le gâteau : le Salon des antiquaires présentera parallèlement une exposition de mobilier Tolix avec la reconstitution d’un café, de chambres d’étudiant et de jeunes travailleurs… L’occasion de redécouvrir quelques perles de l’entreprise bourguignonne, active depuis les années 1930, qui fait aujourd’hui la joie des collectionneurs.
- infOs pratiques
Quand ? Du vendredi 13 au dimanche 22 mai 2011, tous les jours de 10h30 à 19h30.
Où ? Au Parc des expositions de Dijon, avenue des Grands Ducs d’Occident.
Tarifs. Plein tarif : 8,80 euros ; tarif réduit : 7,50 euros ; gratuit pour les enfants accompagnés jusqu’à 15 ans.
