Florence Legros, recteur de l’académie de Dijon, s’en va. Mercredi 13 avril 2011, le conseil des ministres lui a en effet trouvé un remplaçant : Cyril Nourissat, 41 ans et un curriculum vitae à rallonge. La nouvelle en a étonné plus d’un, à commencer par les professeurs et parents d’élèves… Retour sur un départ et une arrivée précipités, dans le contexte difficile de la carte scolaire 2011/2012, qui prévoit notamment la fermeture de cinquante classes en Côte-d’Or.
Surprise-surprise !
« Je n’étais absolument pas au courant que Florence Legros devait quitter l’académie. Je l’ai appris hier, dans le journal », indique Olga Jacques, secrétaire départementale en Côte-d’Or du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et professeurs d’enseignement général de collège (SNUIPP) affilié à la FSU. « Au même temps, je pense que nous n’avions pas réalisé que cela fait déjà trois ans qu’elle est à Dijon. Or un recteur, ça change tous les trois ans à peu près », avance-t-elle. Si la logique est vraie, alors le gong du départ commençait déjà à se faire attendre pour Florence Legros, puisque celle-ci occupait le poste de recteur de l’académie de Dijon depuis janvier 2008…
« Oui mais enfin, quand même : nous aurions pu être prévenus ! », s’emporte François Riotte, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves des écoles publiques (FCPE) en Côte-d’Or, qui fait remarquer que « la politesse voudrait qu’on eut été avertis tout de même de ce départ car nous sommes des partenaires »… Il est vrai que la nouvelle n’avait pas été anticipée : mercredi 13 avril 2011, en même temps qu’il nommait de nouveaux recteurs un peu partout en France, le conseil des ministres a désigné Cyril Nourissat comme remplaçant de Florence Legros (Consulter ici la mesure d’ordre individuel).
Un CV éblouissant
Qui est donc Cyril Nourissat ? « Je ne connais pas du tout ce monsieur », « Quel est son nom déjà ? », relèvent respectivement François Riotte et Olga Jacques. Si ni le nom ni le visage du nouveau recteur n’est connu du grand public, son CV permet tout de même de se faire une idée du personnage : à 41 ans, ce dernier est docteur en droit mais aussi vice-président de l’université Jean Moulin Lyon III depuis 2007. Mais l’homme a exercé d’autres fonctions : en 2004, il était conseiller « Droit, Economie, Gestion » au cabinet du ministre de l’Education nationale. Et depuis 2005, il est expert auprès de la Commission européenne et auprès du ministère de la Justice (Consulter ici son CV).
En plus d’être membre de différents comités de rédaction et conseils scientifiques de revues juridiques, Cyril Nourissat est l’auteur de nombreux ouvrages : Le juge de commerce face au droit communautaire de la concurrence, en co-direction avec A. Spiritus-Dassesse, R. Wtterwulgue, Facultés Universitaires Saint Louis, 2007, 252 p ; The european market : an issue for the liberal professions / Le marché européen : un enjeu pour les professions libérales, (dir.), Lamy, 2007, 309 p ; Dictionnaire du Droit de l’Union européenne, en co-rédaction avec T. Debard, B. Le Beau-Ferrarese, Ellipses, 2007, 2° éd., 360 p ; La transaction dans toutes ses dimensions, en co-direction avec B. Mallet-Bricout, Dalloz, 2006, 214 p. ; Le droit communautaire du divorce et de la responsabilité parentale : le règlement CE n° 2201/2003, dit règlement « Bruxelles II bis », en co-direction avec H. Fulchiron, Dalloz, 2005, 426 p ; Droit communautaire des affaires, 2° éd., Dalloz, coll. hypercours, 2005, 368 p. ; Le nouveau règlement d’application du droit communautaire de la concurrence : un défi pour les juridictions françaises, en co-direction avec R. Wtterwulghe, Dalloz, 2004, 190 p.
Appliquer la politique du gouvernement…
Homme de loi ou non, Cyril Nourissat devra désormais maîtriser le domaine de l’éducation : de même que son prédécesseur, son rôle sera en effet de diriger la politique éducative du ministère de l’Éducation nationale dans l’académie de Dijon… Mais ce dernier arrive dans un contexte difficile de la carte scolaire 2011/2012, qui prévoit notamment la fermeture de cinquante classes en Côte-d’Or (Lire sur le sujet la brève du SNUIPP ci-joint). Et justement, ce « hasard » des calendriers n’en est pas un pour tout le monde…
« Déjà, la carte scolaire a été reportée à après les élections cantonales puisque d’habitude, elle intervient toujours en février ou début mars. Or là, le recteur a signé l’arrêté de la carte seulement lundi dernier (ndrl : 11 avril 2011) », note Olga Jacques, qui poursuit : « Et deux jours plus tard, le recteur change ! C’est certainement un moyen de nous tranquilliser car comment pourrons-nous reprocher les suppressions de postes au nouveau recteur ? Il va nous répondre : « Ce n’est pas de ma faute, c’est celle de mon prédécesseur ! ».
Il est vrai que le contexte actuel est assez tendu entre le recteur Florence Legros et les syndicats enseignants ou encore de parents d’élèves… Ce qui explique que cette dernière ne leur laissera pas forcément un bon souvenir : « Je ne veux pas juger la personne donc tout ce que je peux dire, c’est que Florence Legros s’en va avec un bon paquet de postes sous le bras », indique Alexandre Vanesse, secrétaire du Syndicat national des enseignants de second degré (SNES). Si l’inspection académique de Dijon est finalement revenue sur la suppression de dix-huit postes, la rentrée 2011 en Côte-d’Or comptera tout de même quarante-six postes en moins…
… à la lettre !
« De toute façon, Florence Legros a porté la politique de Nicolas Sarkozy et de Luc Chatel (ndlr : ministre de l’Éducation nationale) : les restrictions budgétaires, les fermetures de classes, l’approche du mineur qui a radicalement changé – les fichages ADN des élèves sont de plus en plus nombreux… », indique le syndicaliste. Même son de cloche du côté d’Olga Jacques : « Ce recteur a appliqué de manière très zélée toutes les directives ministérielles ».
Un zèle qui avait valu une scène plutôt étonnante en octobre 2009, dont dijOnscOpe avait été témoin : alors que le lycée des Marcs d’Or de Dijon inaugurait une campagne de promotion de l’allemand en formation professionnelle, un film (amateur) sur le sujet – présenté par une professeure d’allemand de l’établissement – était diffusé. Ce dernier à peine terminé, le recteur de l’Académie de Dijon, Florence Legros, explosait devant la cinquantaine de personnes présentes dans l’assemblée, qui en restait bouche bée (Lire ici notre article)…
– « Il n’y a pas le logo de l’Académie !
– Mais, mais c’est un travail personnel, madame.
– Qui est-ce qui vous paye ?
– Mais c’est mon mari qui l’a monté, je l’ai fait en dehors de mes heures de travail !
– Nous sommes ici sur notre temps de travail… Moi je trouve tout cela étonnant. »
