Bressey-sur-Tille (21) : Les parents d’élèves prennent l’école en otage !

Un soleil radieux, des ballons accrochés tout autour des grilles de l’école, des enfants courant partout et des parents buvant des jus de fruits : tout portait à croire que l’école de Bressey-sur-Tille fêtait une kermesse jeudi 08 avril 2011… Pourtant, la motivation de l’événement était toute autre : après l’annonce de la suppression de 64 classes prévues dans toute la Côte-d’Or, les parents d’élèves ont investi l’école dans l’après-midi afin d’y passer la soirée puis la nuit, avec la volonté de faire entendre leur colère, la veille d’une rencontre avec l’inspecteur d’académie de Dijon…

Côte-d’Or : 311 postes d’enseignants supprimés en 2011

Fin 2010, Luc Chatel, ministre de l’Éducation nationale, annonçait la suppression de 16.000 postes d’enseignants à la rentrée 2011 au niveau national (Lire ici notre article)… En Côte-d’Or, « 311 postes d’enseignants seront supprimés à la rentrée 2011 dans l’académie de Dijon, dont 125 dans le cycle primaire et 186 dans le secondaire », confirmait alors le rectorat à dijOnscOpe. En conséquence de quoi des classes devront être supprimées… Au total, 64 classes seraient concernées par la mesure en Côte-d’Or, bien que rien ne soit encore tout à fait définitif. 

Aussi, pour les parents d’élèves de l’école de Bressey-sur-Tille, c’est le moment ou jamais de réagir : « Le but de notre mouvement est de se battre contre la fermeture d’une classe de l’école, explique Manu, papa d’Emy, 5 ans, et de Nolan, deux ans. Sur l’année 2010/2011, on compte 21 enfants en toute petite et petite section (deux ans et demi/trois ans), 17 enfants en moyenne section (trois/quatre ans) et 23 enfants en grande section (quatre/cinq ans), ce qui représente en tout 61 enfants à l’école maternelle de Bressey. À la rentrée de septembre 2011, nous aurions dû avoir dix toute petite section, 19 petite section, 21 moyenne section et 19 grande section. Mais le problème est qu’à partir de la rentrée 2011, le ministère de l’Éducation ne prendra plus les toutes petites sections. Les enfants nés en 2009 ne seront pas admis. Du coup, on passe de 69 à 59 enfants. Et à 59 enfants, il est considéré que deux classes suffisent alors que jusqu’à présent, il existait trois classes… ». 

« À deux ou trois enfants prêts, nous n’aurons donc pas de troisième classe, relève Christelle, maman d’Alexis, 5 ans et demi. Ca fera quand même environ trente gamins par classe, de différents niveaux en plus ! ». Pour Isabelle, la situation serait vraiment dommageable : « Avec environ dix-sept enfants aujourd’hui par classe, c’est extraordinaire ce que peuvent faire les maîtresses. Il s’agit d’un travail vraiment personnalisé. Alors on se plaint en France que les enfants rentrent au collège sans savoir ni lire ni écrire mais ici, en grande section, ils connaissent déjà leur alphabet. En fait, je crois que leur objectif final est qu’il n’y ait plus de maternelles. Ce sera des jardins d’enfants, comme en Allemagne. Officiellement, ils veulent en arriver là ! Et comme en Allemagne, les mamans ne travailleront plus parce que ce sera payant pour les familles »… 

« À vingt jours près »… 

Pour les parents d’élèves, la fermeture de la classe fait craindre des événements en chaîne : « Des parents ne voudront pas laisser leurs enfants dans des classes de plus de trente élèves. Ils les mettront dans le privé. J’ai entendu plusieurs parents parler de ça parce qu’ils ont leur grand dans cette école et que leur plus petite va être refusée ; donc ils ne vont pas faire deux écoles différentes ! Il y en a plusieurs dans ce cas-là et donc à terme, c’est la mort de l’école. Et la mort de l’école, c’est la mort du village », conclut Isabelle, qui est d’autant plus remontée que son fils, né le 20 janvier 2009, ne sera pas accepté à la rentrée 2011, « à vingt jours près ». 

Si le maire de Bressey, Patrick Moreau, n’était pas présent jeudi après-midi, ce dernier a assuré aux parents d’élèves son soutien. Et pour prouver sa bonne volonté, la mairie participe aux « dépenses collatérales » comme le précise Manu : « On a prévu de faire un barbecue ce soir »… Ensuite, ils seront plusieurs à dormir dans l’établissement scolaire. « On a les clés l’école alors on va rester jusqu’aux vacances, qui commencent vendredi prochain (ndlr : le 15 avril 2011) ». Son voisin de répondre : « Euh, tu t’avances un peu vite quand même… ».

En réalité, les parents d’élèves attendent surtout une issue positive d’une réunion sur le sujet organisée au Rectorat de Dijon vendredi 08 avril, à 9h. « Nous avons rendez-vous avec madame Manzoni, l’inspectrice d’académie, qui nous reçoit à 10h avec des parents d’autres communes ».

Réactions des élus

Dans différents communiqués, les élus côte-d’oriens ont été nombreux à réagir… Pour François Rebsamen, « l’école est l’institution fondamentale de la République, celle qui lui donne son sens, sa grandeur. Malheureusement, aujourd’hui elle est devenue un débat de comptables ». Quant au Parti radical de gauche en Côte-d’Or (PRG 21), il élève la voix en soulignant que « 66% des projets de fermeture sont concentrés sur les secteurs ruraux » (Lire ici les communiqués). Le groupe des Forces de progrès (PS et divers gauche) du conseil général de Côte-d’Or dénoncent également « un désengagement irresponsable de l’Etat dans les zones rurales » et appellent « à se mobiliser pour participer au rassemblement prévu vendredi 08 avril au matin, devant l’Inspection d’Académie de la Côte-d’Or » (Lire ici le communiqué). 

Par ailleurs, dans un communiqué reçu le 06 avril 2011, François Sauvadet, député de la Côte-d’Or et président du conseil général, affirme que « le maintien des écoles en zone rurale constitue l’une des priorités du Conseil Général. C’est pourquoi, l’Assemblée départementale a fait le choix d’investir dans de nombreux projets de construction, d’agrandissement et de rénovation de pôles scolaires portés par les élus locaux, notamment à travers les contrats « Ambitions Côte-d’Or ».

« Je ne souhaite pas que ces subventions accordées par le Conseil Général financent des pôles scolaires qui ne bénéficieraient plus du nombre d’enseignants nécessaires à leur activité et à l’accueil des enfants. Afin d’identifier les zones identifiées comme fragiles, une convention cadre pour la scolarisation en milieu rural avait d’ailleurs été signée avec les services de l’éducation nationale le 3 mars 2006 pour une période de cinq ans. Je souhaite qu’une nouvelle convention soit élaborée courant 2012 et qu’un travail préalable soit mené dans les plus brefs délais entre l’Inspection Académique et les services du Conseil Général sur les zones les plus fragiles. Il ne faut pas abandonner les secteurs les plus en difficultés où des projets d’investissement importants ont été menés dans un certain nombre d’écoles. Dans cet esprit, je rencontrerai très prochainement l’Inspectrice d’Académie pour lui faire part de ces éléments. »

Une réflexion sur “Bressey-sur-Tille (21) : Les parents d’élèves prennent l’école en otage !

  1. même problème dans ma commune et en plus mon fils né le 14 janvier 2009 ne sera pas accepter à la rentrée ni en cours d’année. pouvez- vous me dire les avancés de cette situation et quels sont nos solutions nous en tant que parents qui travaillent et qui n’ont plus de place en crèche ?

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