Côte-d’Or : Le point sur la sécheresse et les restrictions d’eau

Dans trois communiqués reçus mercredi 08 juin 2011, la préfecture de Bourgogne et de Côte-d’Or, ainsi que Météo France, font le point sur la situation de sécheresse en Côte-d’Or, la gestion de la ressource en eau et les préconisations relatives à la création de réserves pour l’irrigation.
Pour en savoir plus, lire les communiqués de presse ci-dessous.
  • Communiqué de presse de Météo France relatif au bilan de la sécheresse au 1er juin 2011

« Sécheresse, bilan en Côte d’or au 1er juin 2011

La Côte-d’Or, comme une grande partie du pays connaît actuellement une sécheresse exceptionnelle. Cette situation est la conséquence de deux composantes bien distinctes :

– Un déficit pluviométrique modéré durant la période de recharge des nappes souterraines ;

– Un déficit pluviométrique exceptionnel ces derniers mois, accompagné de températures très nettement supérieures aux normales. Ces conditions ont eu pour conséquence un assèchement extrêmement précoce des sols superficiels.

Conditions durant la période de recharge

Les précipitations recueillies entre octobre 2010 et mars 2011, période propice à la recharge des nappes souterraines, ont été normales en Plaine de Saône mais déficitaires sur le reste du département. Cependant ce déficit est qualifié de modéré. Ces pluies hivernales ont été concentrées sur la période mi-novembre à fin décembre.

Conditions depuis le début de l’année

Depuis le 1er janvier, ces 5 derniers mois, les précipitations ont été déficitaires. Cependant grâce aux pluies importantes de décembre, les sols superficiels présentaient un état proche de la normale début mars. En mars, les précipitations mensuelles, comprises entre 40 et 50 mm, sont souvent proches des normales, valeurs légèrement déficitaires cependant en Auxois, Duesmois et Est Châtillonnais. Sans être exceptionnelles, les températures moyennes se sont trouvées bien au-dessus des moyennes (excédent de 1 à 2 degrés) et l’ensoleillement atteint à Dijon les 200 heures (50 de plus que la normale).

Mais c’est surtout avril qui se distingue par des températures très élevées, supérieures aux normales de 3 à 5 degrés de l’Auxois à la côte viticole, des valeurs légèrement en-dessous d’avril 2007, également très chaud ; un ensoleillement particulièrement exceptionnel, approchant les valeurs records d’avril 2007 et d’avril 1955 ; ainsi que des précipitations très faibles, entre 10 à 30 mm soit un déficit par rapport à la normale de 50 % au nord de la plaine de Saône jusqu’à 80 % dans l’Auxois et la partie Est du Morvan. La sécheresse s’accentue.

L’ ETP (EvapoTranspiration Potentielle) a été à Dijon de 107.5 mm (quantité d’eau qu’il faudrait fournir – précipitations ou réserve du sol – pour que la plante se développe de façon optimale). En mai, la situation est contrastée. Les orages et averses ont été nombreux mais certains points du département n’ont pas eu la chance de recevoir beaucoup d’eau.

C’est le cas de la région de Seurre avec seulement 30 mm, 30 à 40 dans le Dijonnais, soit un déficit de 60 à 70 %. Le cumul mensuel atteint rarement les valeurs de saison (70 mm). Ce chiffre est dépassé localement du côté de Semur-en-Auxois et de Bure-les-Templiers, ainsi que dans les secteurs de Messigny-Vantoux et Savigny-le-Sec en raison de l’orage du 20. Le poste de la Rochepot bien servi quant à lui, totalise 95 mm.

Les températures ont été à nouveau très supérieures aux normales, jusqu’à 3 degrés de Marsannay à Beaune et pour le 3ème mois consécutif, l’ensoleillement est très généreux avec près de 300 heures à Dijon ( 210 heures pour un mois normal ). En conséquence, L’ETP est une nouvelle fois forte et dépasse les 120 mm à Dijon.

L’ensoleillement approche les 800 heures à Dijon, 2ème valeur la plus forte depuis 1945. Le record est toujours détenu par le printemps 1953 avec ses 825 heures, un peu moins chaud mais plus sec (83 mm ). Conséquence directe, début juin, une grande partie de la France connaît des niveaux de sécheresse des sols superficiels jamais atteints à cette date durant des cinquante dernières années. Ces niveaux correspondent sur de nombreuses régions à ceux normalement observés en fin juillet.

L’indice d’humidité des sols superficiels issu de la modélisation est un bon ndicateur de la sécheresse agricole. La comparaison avec quelques années sèches montre la sévérité de l’année 2011 au démarrage de la saison estivale.

Sécheresses et changement climatique

L’analyse des séries quotidiennes de la région dont certaines sont centenaires a permis de dégager les tendances de l’évolution déjà perceptible de notre climat notamment à partir de la fin des années 80 avec une augmentation sensible des températures à toutes les saisons. Côté précipitations, augmentation des précipitations hivernales et légère diminution des estivales alors que printemps et automne ont peu évolué.

A l’échelle européenne, les projections vers la fin du XXIème siècle réalisées avec des modèles climatiques, indiquent que les contrastes des régimes de précipitation entre le sud et le nord de l’Europe devraient s’accentuer. L’augmentation prévue des précipitations est plus importante l’hiver au nord de l’Europe et la diminution plus importante au sud en été. Cependant, la limite nord-sud entre l’augmentation et la diminution des pluies varie non seulement en fonction de la saison, mais aussi en fonction des scénarios GIEC d’augmentation de la concentration des gaz à effet de serre.

Les travaux menés plus spécifiquement sur l’évolution des sécheresses en France ont montré une augmentation importante du nombre de sécheresses des sols superficiels surtout en deuxième moitié du XXIème siècle, quels que soient les scénarios climatiques et les modèles de climat utilisés. Ces sécheresses augmenteront fortement en nombre, mais aussi en intensité et en étendue spatiale« .

  • Communiqué de presse de la préfecture de Côte-d’Or relatif à la gestion de la ressource en eau en période d’étiage en Côte-d’Or

« La gestion de la ressource en eau en période d’étiage s’articule en Côte d’Or autour des trois éléments suivants :

L’arrêté préfectoral cadre du 15 juin 2010 en vue de la préservation de la ressource en eau

Compte tenu de la vulnérabilité de la ressource en eau, le département de la Côte d’Or s’est doté dès 2002, d’un arrêté cadre qui définit, en amont des épisodes de sécheresse, les mesures de restriction à mettre en place durant la période estivale.

Depuis la prise du premier arrêté cadre en vue de la préservation de la ressource en eau en 2002, cet arrêté a été révisé tous les ans à l’exception de l’année 2003 avec pour objectif la rationalisation des prélèvements les plus impactants : restrictions horaires, assouplissement des mesures de restrictions en cas de mise en œuvre de réserves pour l’irrigation agricole, incitation aux économies et au recyclage d’eau pour les usages industriels, limitation des prélèvements directs en rivière…

L’arrêté cadre du 15 juin 2010, actuellement en vigueur, définit les mesures de restrictions progressives et adaptées au niveau de gravité de la sécheresse constatée (trois niveaux : alerte, crise et crise renforcée).

Le territoire départemental est découpé en 18 zones (sous-bassins versants). Pour chacune d’entre elles, le suivi en continu des débits d’un cours d’eau de référence permet de connaître la gravité de la sécheresse et donc « d’enclencher », par arrêté préfectoral, les mesures de restriction d’usages adaptées à la situation de la zone.

Ces restrictions d’usages concernent l’ensemble des usagers de l’eau (particuliers, collectivités, industriels, agriculteurs, golfs,…) avec pour objectif de :

– garantir l’alimentation en eau potable des populations et le maintien de la vie piscicole dans les cours d’eau ;

– sensibiliser l’ensemble des usagers (y compris les plus faibles consommateurs) à la rareté de l’eau ;

– inciter les usagers aux pratiques les plus impactantes sur la ressource en eau à s’engager dans une démarche de progrès (économie d’eau, étalement des prélèvements,…).

Un réseau de surveillance des niveaux des cours d’eau

Seize stations de mesures en continu des débits des cours d’eau du département exploitées par la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement de Bourgogne permettent d’être informé en temps réel de l’état des cours d’eau et donc de la gravité de la situation.

Une cellule de veille de la gestion de la ressource en eau

Une cellule de veille de la gestion de la ressource en eau regroupant services de l’Etat, représentants de la profession agricole, chambres consulaires, fédération de pêche et représentants des collectivités locales, est susceptible de se réunir toutes les deux semaines, dès franchissement des premiers seuils d’alerte et toutes les semaines, si la situation le nécessite.

Cette cellule propose, en tenant compte de la situation des cours d’eau et des prévisions météorologiques, les mesures adaptées au préfet. Les mesures de restrictions sont prescrites par un arrêté préfectoral faisant l’objet d’une large information auprès des usagers.

Cette cellule s’est déjà réuni à trois reprises depuis le 10 mai 2011.

Etat de la situation

Les températures supérieures à la normale et la quasi absence de précipitations depuis le début de l’année ont eu pour conséquence une forte baisse des débits des cours d’eau en particulier sur la partie Ouest du département. Ainsi, ont été constatés des franchissements :

– du seuil d’alerte pour les sous-bassins versants

– Seine

– Brenne-Armançon

– Ouche aval

– Dheune – Avant Dheune

– Bouzaise – Lauve – Rhoin – Meuzin

– Biètre

– Vouge

– Norges – Tille Aval

– Bèze – Albane

– du seuil de crise pour les sous-bassins versants :

– Arroux-Lacanche

– Serein-Argentalet-Romanée-Tournesac-Vernidard

– Tille Amont-Ignon-Venelle.

Dans ce contexte, à l’issue d’une réunion de la cellule de veille départementale « Gestion de la ressource en Eau », un arrêté préfectoral portant constat de franchissement de seuils a été pris le 27 mai 2011. Cet arrêté prescrit, outre la mise en œuvre des mesures dites particulières sur les 12 sous-versants évoqués ci‑dessus, celle des mesures générales sur l’ensemble du département.

En cas d’aggravation de la situation, de nouveaux arrêtés de constats de franchissement sont susceptibles d’être pris durant l’étiage 2011.

Les mesures générales

Les mesures générales s’appliquent principalement aux particuliers et aux collectivités. Elles sont reprises dans le tableau suivant :

– Arrosage des pelouses, espaces verts et aires de loisirs : interdit quelle que soit l’origine de l’eau

– Arrosage des surfaces sportives : autorisé de 19h à 10h pour les surfaces où évoluent les usagers

– Lavage des voies : interdit sauf salubrité publique

– Remplissage des piscines : interdit sauf pour la première mise en eau après accord du maire en liaison avec le gestionnaire

– Lavage des voitures, des façades et des toitures pour les particuliers : interdit

– Arrosage des potagers, des massifs fleuris et des plantations de moins d’un an : autorisé de 19h à 10h

– Utilisation des réserves d’eaux pluviales : autorisée de 19h à 10h pour les usages autres que le lavage des voitures et l’arrosage des pelouses.

Pour en savoir plus

Les mesures dites particulières sur les 12 sous-bassins versants concernés sont explicitées dans l’arrêté préfectoral du 27 mai 2011.

L’arrêté cadre du 15 juin 2010, la carte des sous-versants et l’arrêté de constat de franchissement de seuil du 27 mai 2011 sont en ligne sur le site internet de la Direction Départementale des Territoires, rubrique Eau ( http://www.cote-d-or.equipement-agriculture.gouv.fr)« .

  • Communiqué de presse de la préfecture de Côte-d’Or relatif à la création de réserves pour l’irrigation

« La création de réserves pour l’irrigation : Concilier production agricole locale de qualité et préservation de la ressource en eau

Un exemple : la reconversion des bassins de la sucrerie d’Aiserey

La création de réserves pour l’irrigation : une solution à développer pour le maintien de l’irrigation dans un secteur en sécheresse chronique

Le principe des réserves pour l’irrigation est simple. Il s’agit de réservoir de capacité adaptée à la surface de terrains agricoles à irriguer. Ces réservoirs sont remplis par pompage dans les nappes souterraines (cas des bassins d’Aiserey) ou dans les cours d’eau (pas d’exemple de ce type en Côte-d’Or) en période dites de hautes eaux (novembre-avril), période durant laquelle la ressource en eau est abondante.

Les volumes ainsi stockés en hiver sont ensuite utilisés pour l’irrigation des cultures de mai à septembre. Il n’y a donc pas (ou peu) de prélèvements d’eau dans le milieu naturel en période d’étiage.

Ces dispositifs :

– garantissent aux exploitants agricoles les volumes d’eau nécessaires pour mener à terme leurs cultures, y compris dans une année de sécheresse sévère. Ils ne sont, en effet, pas concernés par les interdictions de prélèvements dans les nappes et les cours d’eau activées en cas de franchissement de seuils (alerte, crise ou crise renforcée) ;

– réduisent la pression des prélèvements pour l’irrigation agricole sur la ressource en eau en la reportant sur les périodes de ressource abondante (hautes eaux).

– Ainsi la création de tels bassins est une solution à privilégier, dans le contexte de sensibilité particulière de la Côte d’Or aux épisodes de sécheresse, pour pérenniser une production locale de légumes et ainsi maintenir les filières associées (unités de transformation,…).

La reconversion des bassins d’Aiserey

La reconversion des bassins de la sucrerie d’Aiserey s’inscrit dans le cadre du programme régional d’aide à la restructuration de la filière sucre mis en place suite à la fermeture en 2007 de la sucrerie d’Aiserey.

Il a consisté en :

– la réhabilitation des anciens bassins de décantation de la sucrerie en bassins pour l’irrigation d’une capacité totale de 640 000 m3 ;

– la création d’un réseau de canalisations de 60 km permettant d’alimenter à partir des bassins 1800 hectares de parcelles agricoles ;

– la création ou la réhabilitation de 4 puits permettant de prélever l’eau dans la nappe souterraine et d’alimenter les bassins ;

– la fermeture de 131 puits agricoles obsolètes.

Dans le cadre de ce projet, l’Association Syndicale Autorisée de la Biètre est autorisée à prélever  800 000 m3 par an d’octobre à juillet dont 80 % d’octobre à avril. Ces prélèvements sont autorisés sous réserve de mesures de restrictions en raison de la sécheresse. En revanche, les volumes stockés sont utilisables y compris en période de restrictions d’usage.

Les clés de la réussite d’un tel projet

Ce projet de reconversion des bassins de la sucrerie, dont la réflexion s’est engagée, sur proposition des services de l’État, en avril 2008 pour un achèvement des travaux en septembre 2010, est né de la volonté de 22 exploitants agricoles qui se sont constitués en ASA (Association Syndicale Autorisée) pour porter, avec l’appui de la Chambre d’Agriculture de Côte d’Or, ce projet collectif ambitieux.

Ce projet, d’un montant total de 7 577 000 €, a bénéficié de financements européens à hauteur de 79% du montant total au travers du Fonds Européen Agricole de Garantie mobilisé dans le cadre du programme régional d’aide à la restructuration de la filière sucre. Ces financements publics sont indispensables pour voir aboutir de tels projets de mise en place de réserves pour l’irrigation, les exploitants agricoles ne pouvant supporter seuls de tels investissements.

Les services de l’État (préfecture, direction départementale des territoires, direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt, direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) ont joué un rôle déterminant dans l’émergence de ce projet que ce soit pour la mobilisation des aides publiques que dans le cadre des procédures administratives associées à un tel projet. Partenaires pro‑actifs du projet, ils ont eu pour seul objectif : faire aboutir un projet de référence en matière de préservation de la ressource en eau« .

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