Dijon : « Il nous faut quasiment des masques à oxygène pour rester sur la Place Grangier ! »

Un nouveau plan qui ne fait pas l’unanimité

Avec la montée en puissance du chantier du futur tramway du Grand Dijon, des modifications importantes ont été et vont être menées – à partir du 11 avril 2011 – au réseau Divia sur les secteurs gare et Grangier-Godrans. Dans sa partie supérieure, la place Grangier est d’ailleurs évitée par les transports en commun : « Les bus tournent désormais à 90° place Grangier, ré-accélèrent pour monter avant de freiner et à nouveau tourner rue du Temple » – mise à double sens pour l’occasion. Après avoir obtenu l’aménagement du terre-plein central, qui accueille aujourd’hui brocanteurs et chineurs, l’association « Vivre Place Grangier », créée en 2007, précise par la voix de son président, Bernard Dengreville, qu’elle n’avait « pas pour vocation de batailler contre le plan de transports. Au contraire ! Nous ne sommes pas contre le tramway ». La place sera d’ailleurs un des points d’accès principaux au centre-ville avec l’ouverture de la station Godrans et la piétonisation de la rue du même nom.

Quel est le problème finalement ? L’effet collatéral de l’arrivée de ce nouveau moyen de transport : « Jusqu’à un bus toute les deux à quatre minutes peut traverser la place », explique Marc Suratteau, secrétaire de l’association. « L’odeur de fioul y est très nette ». En adressant un courrier le 16 juin 2010 au sénateur-maire de Dijon et président du Grand Dijon, François Rebsamen, l’association pensait pouvoir engager le dialogue, mais le courrier reste encore sans réponse : « Nous avons rencontré à trois reprises André Gervais [ndlr : adjoint au Grand Dijon en charge des transports et du dossier du tramway] qui n’est pas en désaccord fondamental avec nous, et Bernard Depierre [ndlr : député de la première circonscription de Côte-d’or], qui a relancé le maire le 14 janvier dernier ». S’ils ne demandent pas de « démocratie participative », les membres de l’association considèrent que le « minimum n’est aujourd’hui pas atteint ».

Vers une nouvelle flotte de bus ?

Alors qu’ils pensaient que ce dispositif était temporaire, les commerçants craignent en effet qu’il ne se pérennise : « Nous comprenons très bien les problèmes environnementaux mais nous sommes dans la situation contradictoire où la construction d’un tramway, qui doit lutter contre la pollution, nous en amène encore plus en confortant un trafic de bus important dans le centre historique […] Aujourd’hui, ils nous faut quasiment des masques à oxygène pour rester sur la place ! ». Selon les plans que dijOnscOpe s’est procuré en décembre 2009 (Voir ici), deux lianes devraient traverser la place (Campus > Talant et Chenôve > Dijon Nation). Plans confirmés par Laurent Senecat, directeur marketing de Divia : « Le réseau « Bus+Tram 2012″ n’est pas encore finalisé, explique-t-il, mais l’étude est toujours en cours : nous prenons en compte les remarques et attentes des élus des différentes communes, sollicités en ce sens par le président du Grand Dijon début février d’une part, et les suggestions ou réclamations émises par nos clients ou les habitants du Grand Dijon suite à la mise en place du nouveau réseau Divia, en juillet dernier d’autre part ».

Si deux lianes devraient desservir la place Grangier, celles-ci seront dotées, toujours selon Laurent Senecat, « de bus récents, respectant les normes les plus strictes en matière de pollution atmosphérique et sonore. Ils seront donc encore moins polluants que ceux traversant actuellement la Place Grangier ». Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), les transports en commun émettent près de trois fois moins de polluants et de gaz à effet de serre que les voitures. Les transports en commun en ville sont responsables de 4 % des émissions de CO2 alors qu’ils effectuent 10% des déplacements (En savoir plus ici). « Nous sommes donc loin de l’usage obligatoire de masques à oxygène !, assure Laurent Senecat, même si nous reconnaissons volontiers que des efforts sont encore nécessaires, efforts que le Grand Dijon réalise de façon systématique lors du renouvellement de notre flotte de bus ». un appel d’offre pourrait être lancé dès le mois de septembre 2011.

« Il faut faire du bruit »

A terme, la rue des Godrans devrait être rendu aux piétons. « Cela va entrainer la suppression de 59 places de parking, compensée, nous-a-t-on dit, par l’ouverture du premier niveau du parking Grangier (trente places). Or les deux types de stationnement n’ont pas le même objectif ». L’accès au parking devrait d’ailleurs être inversé. Et Marie-Jo Dupuis, responsable d’une société d’édition, de se demander « dans quelle mesure elle, comme les camions de livraison, pourront accéder au côté pair de la rue sans braver les sens interdit ? ». Des solutions sont dores et déjà proposées comme des demi-lianes pour éviter le centre-ville ou des navettes pour transiter dans le secteur sauvegardé.

« L’autre problème, selon Bernard Dengreville, est la possibilité offerte pour les voitures de circuler sur le plateau piéton. Lorsqu’on voit l’attitude des piétons quand des véhicules empruntent la partie pavé de la place, on peut craindre de nouveaux conflits ». Le président d’ajouter que flotte une impression d’improvisation : « Les problèmes n’ont jamais été anticipés et plutôt que de trouver des solutions, on préfère nier les problèmes ». Aujourd’hui, l’association se prépare à passer à la vitesse supérieure : « Si nous voulons être entendu ici, il faut faire du bruit et nous avons un public potentiel très large ». Dans tous les cas, des dispositifs spéciaux devraient être mis en place pour pallier ces désagréments dixit Divia et le Grand Dijon.

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