« Réduire et optimiser les dépenses de santé » : tel est le credo de l’Assurance maladie de Bourgogne, qui présentait le bilan de ses résultats pour l’année 2010, vendredi 25 mars 2011 à Dijon. Avec douze millions d’euros économisés pour l’année écoulée, l’Assurance maladie de Bourgogne fait figure d’élève-modèle parmi les vingt-deux régions métropolitaines puisqu’elle enregistre la progression la plus modérée des dépenses de santé. A l’échelle nationale, pour la première fois depuis 1997, l’Objectif national des dépenses d’assurance maladie (Ondam), fixé à 3% pour 2010, est respecté ! Dans un contexte politique fortement marqué par la guerre aux déficits publics, les dirigeants de l’Assurance maladie de Bourgogne mettent en avant leurs actions de contrôle et de prévention pour expliquer leurs résultats…
Les médecins invités « à se questionner »
« Ce rendez-vous traditionnel de mars permet de revenir sur l’ensemble des résultats de l’année écoulée et de présenter les perspectives de l’année en cours », explique Pierre Routhier, directeur coordonnateur régional à l’Assurance maladie de Bourgogne et directeur de la caisse d’assurance maladie (CPAM) de Côte-d’Or. « Une fois n’est pas coutume, l’évolution est maitrisée au plan national avec le respect de l’Objectif national de dépenses d’assurance maladie (Ondam) – une première depuis 1997 – et ce sont les Bourguignons qui ont le mieux maîtrisé les dépenses avec plus de douze millions d’euros de dépenses évitées en 2010″, se félicite Pierre Routhier.
L’enjeu semble clair : il s’agit bel et bien de réussir la maîtrise des dépenses de santé sans pour autant altérer la qualité des soins. A en croire le directeur de la CPAM de Côte-d’Or, les résultats obtenus s’expliquent par les moyens déployés par le réseau bourguignon de l’Assurance maladie pour promouvoir le bon usage des soins auprès des prescripteurs [ndlr : les médecins] et des assurés. Plus de 11.000 visites – soit environ quarante par jour – ont été réalisées en 2010 par les agents de l’assurance maladie auprès des professionnels de santé libéraux et hospitaliers « pour les amener à se questionner sur leur façon de soigner », explique Pierre Routhier.
Autre nouvel outil qui participe au contrôle des dépenses de santé : le Contrat d’amélioration des pratiques individuelles (Capi), conclu entre l’Assurance maladie et le médecin traitant. Il a vocation à soutenir les médecins dans leurs efforts quotidiens pour améliorer la qualité des soins et la santé de leurs patients. Le Capi prévoit pour le médecin signataire une possibilité de rémunération annuelle en fonction d’objectifs d’efficience de prescription et de santé publique. 190 médecins bourguignons auraient ainsi bénéficié d’une rémunération contractuelle en 2010 !
Un malade « associé et valorisé »
Quant à la progression des remboursements de médicaments, elle est limitée à 3,4% en Bourgogne pour l’année 2010, après deux années d’évolution quasi-nulle. Cependant, d’après Pierre Routhier, l’évolution est contrastée car les dépenses liées aux médicaments pour les pathologies lourdes comme les cancers augmentent de 9,3%. « Il s’agit là de sommes énormes avec parfois des médicaments à 1.000 euros la boîte ! », relève le directeur de la Cpam de Côte-d’Or. A l’inverse, les dépenses liées aux aux symptômes courants – médicaments anti-douleurs, antalgiques, etc. et aux médicaments contre les maladies chroniques sont maîtrisées. L’usage des médicaments génériques atteint déjà 80,9% parmi les médicaments « généricables » et l’Assurance maladie entend poursuivre le partenariat établi avec quelque 630 pharmaciens de Côte-d’Or.
L’assurance maladie veut également établir de nouvelles relations avec les patients. « Nous ne sommes plus dans une stricte action de remboursement mais dans un accompagnement du patient afin de lui permettre de mieux comprendre sa maladie et d’être acteur de sa pathologie », relève Pierre Routhier. De fait, l’Assurance maladie investit désormais le champ de la prévention. « Nous développons une approche plus globale, dans laquelle le malade est associé et valorisé », complète le docteur Marc Tardieu, directeur régional du service du contrôle médical de l’Assurance maladie pour la région Bourgogne Franche-Comté.
Dès lors, l’Assurance maladie contribue à la mise en œuvre de la politique nationale et régionale de santé en permettant à ses assurés de bénéficier d’offres de prévention pour les risques cardio-vasculaires, l’asthme, la vaccination contre la grippe et dépistage des cancers… Outre le lancement du site amelisanté.fr, l’année 2010 a vu l’instauration du service Sophia. Ce dispositif d’accompagnement des malades chroniques est proposé aux patients diabétiques de Côte-d’Or. Concrètement, près de 4.000 patients diabétiques bénéficient d’un accompagnement personnalisé gratuit, soit environ 30 % des personnes diabétiques du département.
Les Côte-d’Oriens, champions des arrêts de travail ?
« Le point noir reste le coût élevé d’arrêts de travail, en hausse de 6,4% par rapport à 2009 ! », confesse Marc Tardieu. La côte-d’Or est particulièrement concernée avec une hausse de 9,9%. En 2010, les médecins-conseils de l’Assurance maladie auraient effectué près de 62.000 contrôles. « Leur rôle n’est pas de faire des économies ; il s’agit de voir si l’arrêt de travail prescrit est justifié », affirme Marc Tardieu. Près de 120.000 Bourguignons ont eu un ou plusieurs arrêts de travail pour maladie en 2010, chiffre stable par rapport à 2009. Cependant, le nombre de jours d’arrêt indemnisés en est augmentation. Second poste de dépenses à maîtriser : le remboursement des transports en ambulance et taxi, en hausse de 4,1% et qui doit faire l’objet d’une campagne de sensibilisation courant 2011…