Elle a été brusque, sévère, mondiale. Les vins de Bourgogne peuvent néanmoins parler de la crise économique au passé », indique le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) sur son site internet. La reprise dans le monde viticole bourguinon – qui représente 3% du vignoble français avec 28.000 hectares et 200 millions de bouteilles produites chaque année – est-elle réellement au rendez-vous ? Le point avec Frédéric Dupray, responsable d’études économiques du BIVB…
La perte de 2009 effacée…
Que ce soit à l’export ou dans la grande distribution française, les ventes globales de vins de Bourgogne repartent à la hausse. En 2010, sur douze mois, les expéditions se sont en effet valorisées de 16% par rapport à 2009. « Il est vrai que nous pouvons dire que le plus gros de la crise se trouve désormais derrière nous », affirme Frédéric Dupray, responsable d’études économiques du BIVB. Celle-ci a-t-elle été vraiment difficile pour le monde du vin ? « Évidemment, comme pour beaucoup d’autres marchés. Elle s’est manifestée à l’été 2008 et a duré à peu près un an et demi. La chute s’est stabilisée fin 2009 et à partir de là, les ventes se sont redressées ».
Le coup d’arrêt s’est d’autant plus fait sentir qu’en 2007, la Bourgogne connaissait des ventes record d’exportation : 110 millions de bouteilles étaient écoulées cette année-là. « Pourquoi 2007 a-t-elle été record ? Le marché était porteur, la conjoncture favorable, le millésime 2005 est superbe et nous avons développé nos ventes sur de nouveaux marchés, notamment en Asie ». Mais voilà : en 2008, seules 79 millions de bouteilles partaient à l’export. Une perte de 28% de volume en à peine deux ans…
En 2010 pourtant, tout semble repartir : le volume exporté sur les douze mois s’est en effet arrêté à 89,2 millions de bouteilles. « Nous avons progressé de 13,5% en volume par rapport à 2009 : ainsi, nous avons effacé la perte enregistrée cette année-là et nous revenons au niveau de l’avant record », la moyenne des dix dernières années étant de 91,5 millions de bouteilles exportées par an. Le chiffre d’affaires progresse ainsi de 16% pour s’établir à 576 millions d’euros, un montant qui n’a été dépassé qu’à trois reprises par le passé.
« Made in Burgundy »
Par ailleurs, « si la reprise est mondiale, nous sommes l’un des vignobles qui en profite le plus », note Frédéric Dupray, qui explique le phénomène : « Les vins de Bourgogne étant milieu de gamme et haut de gamme, la crise nous a plus pénalisés que les autres car les acheteurs achetaient moins cher. Avec la reprise, nous sommes les premiers à en bénéficier puisque les acheteurs reviennent à nos gammes de prix ». Au rendez-vous de l’année 2010 se trouvent notamment les acheteurs étrangers : « Nos marchés européens – Belgique, Suisse, Luxembourg – évoluent relativement peu. En revanche, le marché américain explique le gros de la crise mais aussi la reprise. Quant à l’Asie, si le marché avait démarré très fort, il a également pu reprendre très vite ».
Ainsi, la reprise sur les marchés britannique et nord-américain – respectivement premier et second importateur de bourgogne – est de l’ordre de 20%, même s’il reste encore un retard de 9% par rapport à l’excellente année 2008. La croissance se porte fortement aujourd’hui sur la zone asiatique à laquelle il faut associer l’Australie : tous ces marchés progressent de 25 à 50%. Le duo Hong Kong/Chine représente désormais le 9ème marché export de la Bourgogne en valeur (16,5 millions d’euros) avec 1,3 millions de bouteilles. Cette reprise des exportations serait notamment le fait des vins blancs, en hausse de 18% et, semble-t-il, des vins de Chablis en particulier. Les vins rouges ont connu une hausse plus mesurée à +5,6% et ont surtout été mieux valorisés (+15%).
Quant au Japon, il représente le troisième marché en valeur, avec 12% d’exportations en valeur et 9% d’exportations en volume. « Avec la catastrophe qu’il s’est produite, nous avons des craintes évidemment. Mais il est également évident que nous relativisons par rapport au drame que le pays vient de vivre », précise Frédéric Dupray. Une opération prévue au mois de mai 2011, Terroirs et signature – sorte de mini salon des vins avec des invités japonais -, est maintenue à ce jour.