Opac Dijon : « Nous avons le sentiment d’avoir été manipulés »

Pour la première fois depuis une quinzaine d’année, une soixantaine d’employés de l’Opac Dijon a fait grève jeudi 10 mars 2011, pour dénoncer les modalités de la future réorganisation de l’Office public de l’habitat. Parmi eux, plusieurs pointent vigoureusement du doigt le changement de statut des nouvelles fiches-emplois : les agents de proximité seraient désormais amenés à faire le ménage…

La grève comme moyen de pression

« Nous ne sommes pas contre une réorganisation mais pas de cette façon », annonce cet employé de l’Opac Dijon, qui souhaite garder l’anonymat*. Depuis plusieurs jours, la tension est palpable au sein de l’organisme, qui est le premier donneur d’ordres local avec 245 logements programmés pour 2011. En effet, lors du comité d’entreprise du 22 février 2011, les dirigeants ont présenté la réorganisation que vont connaître l’organigramme du bailleur social et les différentes fiches-emplois. Or pour les syndicats, le compte n’y est pas.

Ainsi, dans une lettre adressée le 02 mars 2011 au directeur général, Jean-Pierre Pirocca, le syndicat CFDT annonçait son intention de faire grève le jeudi 10 mars, « suite à l’insatisfaction de la majorité des salariés » face au schéma présenté. Trois jours auparavant, une délégation est reçue par la direction, qui propose d’engager une négociation d’ici au 31 mars 2011 avec comme première date de réunion, celle du jour de la grève. La délégation obtient d’ores et déjà le report de la date de dépôt des candidatures sur les emplois ouverts jusqu’au 31 mars avant d’entrer dans le vif du sujet, à savoir les différentes revendications.

Des emplois tirés vers le bas ?

Pour le syndicat, le « sentiment de dégradation des conditions de travail futures provoque un rejet de cette réorganisation, qui semblait pourtant attendue par une grande majorité, et engendre la démobilisation des équipes ». Une opinion que partagent deux autres salariés de l’entreprise : « Il y a une vrai nécessité de réorganisation, expliquent-ils d’une même voix, mais on s’éloigne des objectifs fixés par la direction : l’Opac a un taux de vacance de logements qui s’élève à 4,5%, un des plus forts du Grand Dijon, alors même que 5.000 demandes sont en attente ! »

Mais le point le plus tendu reste l’intégration du ménage et de la gestion des déchets dans la fiche-emploi chargée de proximité : « On tire les emplois vers le bas !, ajoutent-ils, sans compter que les agents vont perdre en crédibilité alors qu’ils doivent assumer le rôle de médiateurs notamment ». De fait, au lendemain de la première réunion, le syndicat annonce qu’en l’absence d’avancée sur ce point, la journée de grève sera maintenue le jeudi 10 mars. Et la direction de déplorer, dans une note adressée au personnel, « le refus d’ouverture à la négociation qui conduit la CFDT à maintenir son préavis de grève ». Et donc de faire marche-arrière sur la date de dépôt des candidatures.

Des ateliers de concertation inutiles ?

Le jour J, soixante personnes – soit un tiers du personnel -, ont battu le pavé devant la direction de l’organisme, qui explique de son côté que « cette organisation future implique certes une évolution plus ou moins sensible des emplois existants, mais elle préserve aussi tous les emplois, le maintien du salaire, de la classification et de la durée de travail ». En 2010, 167 logements ont été mis en service par l’Opac et 245 sont prévus pour 2011 avec un budget d’investissement de 52 millions d’euros (En savoir plus ici). En mettant en place sa deuxième réorganisation depuis 2007, la direction espère « lutter contre les vacances, réduire les impayés ou encore optimiser les relations clients ».

« En 2007, il y a eu des embauches de cadres ; nous sommes même montés jusqu’à 198 salariés en 2008. En 2011, à la différence des cadres, la quasi-totalité des agents de base ne seront pas remplacés alors que le nombre de directeurs est passé de quatre à neuf ; des fonctions utiles mais qui ne mérite sans doute pas ce statut quand on sait qu’ils ont deux personnes sous leur ordre », regrettent les deux employés, qui ajoutent « qu’on ne peut pas à proprement parler de suppressions de postes ». La direction avait pourtant mis en place des ateliers pour que les salariés puissent s’exprimer – une très forte participation avait d’ailleurs été enregistrée -, « mais ils ont pris les idées qu’ils avaient en tête seulement ; nous avons le sentiment d’avoir été manipulés ! ».

Avec cette restructuration, six agences de six personnes devraient être créées contre quatre actuellement : « On revient aux sources, poursuivent les salariés. Dans les années 1980, il y avait un siège et des points d’accueil ; or chacune des six agences ne sera composée que de six salariés et d’un chef d’agence, soit environ un agent pour 300 logements ». Se plaignant déjà d’une surcharge de travail, les salariés estiment que la situation ne risque donc pas de s’améliorer : « Sans dénigrer cette profession, si j’avais voulu faire le ménage, je ne travaillerais pas là actuellement ! », explique l’un des salariés, qui déplore que chacun soit invité à postuler sur la base d’une fiche-emploi générique regroupant plusieurs métiers.

* Invité à s’exprimer sur cette affaire, l’Opac de Dijon n’a pas répondu à toutes nos questions.

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