Aide alimentaire en Bourgogne : Les demandes se multiplient !

Tandis qu’un concert solidaire en faveur des Restaurants du cœur est programmé jeudi 10 mars 2011 à Dijon, la question de l’aide alimentaire – priorité de l’association fondée par Coluche – reste plus que jamais d’actualité, y compris en Bourgogne. En effet, les bénévoles investis dans les diverses associations caritatives concernées par le soutien alimentaire constatent une augmentation significative de la demande. Jusqu’à quand les associations seront-elles en mesure de répondre aux besoins des personnes démunies ? Quant aux épiceries sociales et solidaires, constituent-elles une réponse appropriée ? Rencontre avec des acteurs engagés dans l’aide alimentaire à Dijon et en Bourgogne…

De nouveaux profils de pauvres

Présenté lundi 07 mars 2011 lors d’un « ciné-citoyen » au bar L’annexe à Dijon, le film documentaire sur les Restaurants du cœur, Tous contre la misère, met en exergue l’engagement quotidien de bénévoles de l’association en faveur des nécessiteux. Avec 830.000 personnes accueillies et 103 millions de repas distribués en France durant la campagne 2009-2010, l’association de Coluche a été particulièrement sollicitée. « En Côte-d’Or, nous distribuons environ 550.000 paniers-repas par an », explique Michel Faivre, secrétaire départemental des Restaurants du cœur.

La campagne 2010-2011 n’étant pas terminée, [ndlr : elle s’achève le 25 mars], Michel Faivre n’est pas encore en mesure de donner des chiffres précis pour cette dernière. Toutefois, il peut d’ores et déjà affirmer que la demande « est en augmentation de 5% à 10% environ ». Après une fermeture des centres de trois semaines, les Restaurants du cœur doivent entrer en inter-campagne à partir du 15 avril. « Nous n’avons pas les moyens de distribuer autant qu’en hiver ; nous sommes donc contraints de diviser les barèmes par deux ! Parallèlement, nous essayons d’étendre la distribution durant cette période à davantage de centres sur le département ».

Parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire, apparaissent aujourd’hui de nouveaux profils d’après le secrétaire départemental. « Depuis la crise, nous avons vu apparaître des chômeurs en fin de droit, des retraités, mais aussi des étudiants et des agriculteurs en faillite ». Alain Metge, président de l’épicerie solidaire Episourire à Dijon, abonde dans le même sens : « De plus en plus de personnes âgées sont inscrites chez nous car elles ne s’en sortent pas avec le minimum vieillesse ».

La Banque alimentaire, « grossiste de l’aide alimentaire »

Reste alors à trouver les aliments qui seront redistribués. Si chaque association caritative organise ponctuellement ou régulièrement ses propres collectes, la Banque alimentaire s’est spécialisée dans la recherche de produits qu’elle redonne aux autres associations caritatives. « Notre but est de dégager les associations caritative du problème de l’approvisionnement. Nous travaillons avec les structures qui souhaitent être partenaires. Ils sont près de 120 : associations, centres communaux d’action sociale (CCAS), etc. », explique Gérard Laborier, président de la Banque alimentaire Bourgogne.

La Banque alimentaire de Bourgogne ne distribue pas les colis aux bénéficiaires. « Nous cherchons à répondre aux commandes des assistantes sociales et des associations. En quelque sorte, nous sommes un « grossiste » de l’aide alimentaire ». En Bourgogne, près de 20.000 personnes bénéficieraient des colis gérés par la Banque alimentaire. Pour autant, l’association n’achète pas de produits. Les sources d’approvisionnement sont l’État, l’Union européenne, la grande distribution, l’industrie agroalimentaire, les producteurs locaux et l’aide des particuliers.

A en croire le président de la Banque alimentaire de Bourgogne, il faut négocier en permanence auprès des centrales d’achat, des plate-formes ou des magasins. 60% de la valeur des dons réalisés par les grandes surfaces ou d’autres professionnels de l’alimentaire bénéficient d’un crédit d’impôt. D’après Gérard Laborier, « la quantité d’aliments collectés et redistribués augmente en moyenne de 5% à 10% par an, ce qui est significatif ».

Des épiceries réservées aux très pauvres

Face à la demande croissante, les épiceries sociales et solidaires, qui permettent d’acheter les produits à très faible prix, ont le vent en poupe. Céline Lauvergner, animatrice territoriale à la Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire de Bourgogne (CRESS) rappelle que la région compte une vingtaine de structures de ce type, dont une itinérante. Toutefois, leur cadre dépasse largement la stricte question de l’aide alimentaire. « Il s’agit aussi d’accompagner la personne vers une insertion sociale durable », précise Céline Lauvergner.

Autre particularité des épiceries sociales et solidaires : elles fonctionnent toute l’année, contrairement par exemple aux Restaurants du cœur. « A l’épicerie Solidaire Episourire, je constate une explosion de la demande depuis plus d’un an, et encore, on ne prend que les personnes de la ville de Dijon », affirme Alain Metge. Depuis son ouverture en 2007, cette épicerie pas comme les autres compte déjà près de 1.450 « adhérents ». « Mais avec les familles, il faut multiplier le nombre de bénéficiaires par trois ! ».

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