Archive | 18 août 2011

Côte-d’Or : Ces légendes qui nous intriguent…

Une dame blanche, un chemin vers l’enfer ou une chouette porte-bonheur : ces histoires plaisantes ou délirantes rythment la vie de Bourguignons depuis plusieurs siècles. Mêlant fiction et réalité, les origines de ces différentes légendes se perdent souvent au fil des années, des transmissions et de la connotation que chacun leur a donné. Que vous y croyiez ou non, dijOnscOpe vous a choisi quelques morceaux d’anthologie….

Un chouette câlin…

C’est désormais un rite ! Avant chaque début de saison, les joueurs du Dijon football Côte-d’Or (DFCO) visitent la ville. Au programme bien sûr, un détour par la rue de la chouette, au cœur de la capitale des Ducs… Car avant d’être l’emblème du club, cet petit rapace est un porte-bonheur mystérieux et fascinant pour ceux qui tentent de percer son histoire. Pourtant, le 05 janvier 2001, le volatile a failli disparaitre du paysage patrimonial de la cité. Cette nuit-là, un vandale lui assène plusieurs coups de marteau, lui brisant une aile et la moitié de la face. Si cet acte suscite l’émoi dans la ville, un moulage réalisé treize ans auparavant permet de restaurer la statue. Au printemps 2001, la sculpture du contrefort Ouest de l’église Notre-Dame s’offre à nouveau aux mains des Dijonnais… sous l’œil des caméras de surveillance cette fois-ci.

Rappelons que si cet oiseau fut au Moyen Âge un symbole de la rouerie et de la tromperie, la controverse sur sa symbolique a longtemps perduré. Certains y voyaient une allégorie de la déesse grecque de la sagesse, Athéna ; d’autres le considéraient comme une personnification du Christ ; d’autres encore tels les juifs l’évoquaient comme une créature préférant les ténèbres plutôt que la lumière de l’Évangile. À l’époque moyenâgeuse, l’église dijonnaise était entourée d’un marché, la seule activité que les juifs pouvaient exercer. La chouette pouvait donc aussi être une signature laissée là par un architecte ou par un tailleur de pierre, à moins que, ainsi que l’explique l’historien dijonnais Eugène Fyot*, il s’agisse du nom de l’un des maîtres d’œuvre de Notre-Dame, Monsieur Chouet. Une autre légende bourguignonne revient elle aussi sur cet oiseau qu’il faut caresser de la main gauche en faisant un vœu. A lire ci-dessous…

Un serial-killer place Bossuet

Si l’architecture du secteur sauvegardé de Dijon recèle de joyaux, elle pose aussi de nombreuses questions… Sur la place Bossuet, une demeure interpelle ainsi le passant. Jouxtant la belle façade du magasin Mulot et Petitjean, un petit immeuble, plus austère, se démarque par l’absence de toit, qui aurait été enlevé au Moyen Âge en signe d’infamie… En effet, cette maison était occupée par Jean Carquelin, dont la réputation n’était alors plus à faire tant les gastronomes bourguignons raffolaient de ses pâtés. Alors que la ville est frappée par une vague de disparition d’enfants, une femme l’accuse d’être à l’origine de ces kidnappings. Petit à petit, la rumeur s’amplifie et pour éviter un lynchage, les forces de l’ordre procèdent à une perquisition de son sous-sol…

Là, l’émoi est à son comble : le sol est recouvert d’os. Jean Carquelin subit alors le supplice de la roue sur le champ du Morimont, actuelle place Émile Zola. Questionné sur l’affaire, l’historien et professeur d’histoire moderne à l’université de Bourgogne, Benoît Garnot, tient à souligner qu’aucune preuve de ce procès n’a jamais été trouvée : « Cette histoire est sans doute une légende mais il ne faut pas être catégorique car les archives municipales ne commencent réellement qu’en 1630 ou 1640. Aucun document judiciaire n’a circulé sur cette affaire à ma connaissance ». Mystère donc…

Des fées à Talant

Un peu plus loin, surplombant le lac Kir et s’étalant au pied du vieux village de Talant, au Nord de Dijon, le parc de la Fontaine aux fées est un espace naturel protégé en raison des plantes – orchidées notamment – et des animaux qu’il abrite. Au détour du sentier, balisé jaune par les Éclaireurs de France de Talant en 1997, on découvre une fontaine qui, selon la tradition, ne se tarit jamais… Au Moyen Âge, cette fontaine était d’ailleurs le lieu de baignade des fées**. Selon la légende, il était possible de les voir se prélasser la nuit, quand sonnait minuit, dans le fin filet d’eau qui jaillissait du rocher. Un peu plus loin, en direction du domaine de Bonvaux, les demoiselles se donnaient rendez-vous à la roche fendue, qui s’appelle aujourd’hui roche à la bique. Ce menhir naturel est haut de trois mètres sur un de large et est percé en son milieu. Il devint plus tard un lieu de sabbat pour les sorcières et servit de lieu de rendez-vous aux carbonari de la Révolution de 1819…

La porte du Diable, rendez-vous des fantasmes

Les environ sont d’ailleurs propice aux légendes, comme en témoigne le portail gothique qui s’élève le long de la route qui relie le hameau de Champmoron au Prieuré de Bonvaux, plus connu sous le nom de la porte du Diable. Parfaitement symétrique, la porte – qui se compose de deux vantaux – se voit surplombée en son sommet d’une sculpture de diable. Ce dernier observe d’ailleurs votre choix car si vous franchissez la mauvaise porte – celle qui comporte un chevron cassé -, votre avenir sera plus que compromis… Ajoutez à cela des aboiements de chien ; il n’en fallait alors pas moins pour cultiver les peurs. Chaque 15 août, une dame blanche apparaitrait même… Pourtant, cette porte n’a à l’origine rien de maléfique. La tête de diable est en fait un bonnet phrygien, emblème de la liberté et armoiries de l’ancien propriétaire des lieux, Hias Bonnet, né à Dijon en 1804. La date de la construction n’est pas exacte, mais a lieu aux environs de 1791, quand le hameau de Champmoron est vendu comme bien national à Joseph Bonnet, son père. Héritant de la propriété en 1828, il est inhumé en 1873 près de la porte (En savoir plus ici).

A noter qu’une secte, Amour et miséricorde, regroupant une cinquantaine de personnes, a fréquenté les lieux dans les années 1990. Sa fondatrice prétendait bénéficier depuis le 15 août 1996 de l’apparition de la Vierge dans la nuit du 15 au 16 de chaque mois, à 00h06 très exactement. Du 18 août 1996 au 15 décembre 1999, le groupe se serait rassemblé au lieu-dit « La porte au diable » avant de se déplacer à Notre-Dame d’Étang, à Velars-sur-Ouche. Dès 2000, l’ancien évêque de Dijon avait affirmé « ne reconnaitre aucun caractère surnaturel à ces événements » tout en déconseillant de participer à ces groupes. La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) avait pour sa part mentionné ce groupe dans ses rapports au titre des années 2004 et 2005 (Lire le rapport ici). La secte a même été le sujet d’un reportage de TF1 dans le cadre de l’émission « Sept à huit » en février 2007 (Voir la vidéo ici). L’association est aujourd’hui dissoute mais reste sans doute active…

Mâlain, le repère de la magie noire

Le diable a inspiré de nombreuses légendes ; ce fut aussi le cas à Mâlain, non loin de Dijon… Le village se prête bien à ces histoires quand on sait qu’il aurait compté 666 habitants et que le malin n’est autre que le nom donné à Satan… Aujourd’hui, le village ne garde de son passé diabolique qu’un événement annuel : la fête des sorcières ! En 1640, il était le lieu de procès en sorcellerie pour le moins originaux : les accusateurs capturaient les prétendus sorcières et les jetaient dans la rivière en leur attachant les mains avec les pieds. Si elles coulaient, elles étaient innocentées car ne bénéficiant pas de pouvoirs magiques ; si elles survivaient, alors elles étaient reconnues coupable ! Mais, une autre légende anime la cité, qui aurait abrité autrefois une jeune femme enlevée un jour par un homme noir ou rouge selon les versions. Quoi qu’il en soit, elle fut conduite dans un passage menant tout droit en enfer. Ce passage, la crevasse du diable, est située en contrebas du château, construit au XIe siècle et qui serait de fait lui-même maudit…

UNE BELLE MORT…

Un instituteur demande à ses élèves:

–  » D’après vous quelle serait pour vous une belle mort ?  »

Ce à quoi une petite fille au fond de la classe répond :

–  » C’est mourir comme mon grand-père.  »

–  » Ah bon réplique le maître. Et comment est-mort ton grand-père ?  »

–  » Il s’est endormi. »

La dessus le maître demande alors :

–  » Et quelle serait alors selon vous une mort atroce ?  »

Et la même petite fille répond :

–  » Ce serait mourir comme les copains de mon grand-père. »

Le maître intrigué demande alors à la petite fille :

–  » Et comment donc sont-ils morts ?  »

–  » Ils étaient dans la voiture de mon grand-père quand il s’est endormi…  »