Archive | 22 mars 2011
Vins de Bourgogne : « Bye bye » crise !
Elle a été brusque, sévère, mondiale. Les vins de Bourgogne peuvent néanmoins parler de la crise économique au passé », indique le Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB) sur son site internet. La reprise dans le monde viticole bourguinon – qui représente 3% du vignoble français avec 28.000 hectares et 200 millions de bouteilles produites chaque année – est-elle réellement au rendez-vous ? Le point avec Frédéric Dupray, responsable d’études économiques du BIVB…
La perte de 2009 effacée…
Que ce soit à l’export ou dans la grande distribution française, les ventes globales de vins de Bourgogne repartent à la hausse. En 2010, sur douze mois, les expéditions se sont en effet valorisées de 16% par rapport à 2009. « Il est vrai que nous pouvons dire que le plus gros de la crise se trouve désormais derrière nous », affirme Frédéric Dupray, responsable d’études économiques du BIVB. Celle-ci a-t-elle été vraiment difficile pour le monde du vin ? « Évidemment, comme pour beaucoup d’autres marchés. Elle s’est manifestée à l’été 2008 et a duré à peu près un an et demi. La chute s’est stabilisée fin 2009 et à partir de là, les ventes se sont redressées ».
Le coup d’arrêt s’est d’autant plus fait sentir qu’en 2007, la Bourgogne connaissait des ventes record d’exportation : 110 millions de bouteilles étaient écoulées cette année-là. « Pourquoi 2007 a-t-elle été record ? Le marché était porteur, la conjoncture favorable, le millésime 2005 est superbe et nous avons développé nos ventes sur de nouveaux marchés, notamment en Asie ». Mais voilà : en 2008, seules 79 millions de bouteilles partaient à l’export. Une perte de 28% de volume en à peine deux ans…
En 2010 pourtant, tout semble repartir : le volume exporté sur les douze mois s’est en effet arrêté à 89,2 millions de bouteilles. « Nous avons progressé de 13,5% en volume par rapport à 2009 : ainsi, nous avons effacé la perte enregistrée cette année-là et nous revenons au niveau de l’avant record », la moyenne des dix dernières années étant de 91,5 millions de bouteilles exportées par an. Le chiffre d’affaires progresse ainsi de 16% pour s’établir à 576 millions d’euros, un montant qui n’a été dépassé qu’à trois reprises par le passé.
« Made in Burgundy »
Par ailleurs, « si la reprise est mondiale, nous sommes l’un des vignobles qui en profite le plus », note Frédéric Dupray, qui explique le phénomène : « Les vins de Bourgogne étant milieu de gamme et haut de gamme, la crise nous a plus pénalisés que les autres car les acheteurs achetaient moins cher. Avec la reprise, nous sommes les premiers à en bénéficier puisque les acheteurs reviennent à nos gammes de prix ». Au rendez-vous de l’année 2010 se trouvent notamment les acheteurs étrangers : « Nos marchés européens – Belgique, Suisse, Luxembourg – évoluent relativement peu. En revanche, le marché américain explique le gros de la crise mais aussi la reprise. Quant à l’Asie, si le marché avait démarré très fort, il a également pu reprendre très vite ».
Ainsi, la reprise sur les marchés britannique et nord-américain – respectivement premier et second importateur de bourgogne – est de l’ordre de 20%, même s’il reste encore un retard de 9% par rapport à l’excellente année 2008. La croissance se porte fortement aujourd’hui sur la zone asiatique à laquelle il faut associer l’Australie : tous ces marchés progressent de 25 à 50%. Le duo Hong Kong/Chine représente désormais le 9ème marché export de la Bourgogne en valeur (16,5 millions d’euros) avec 1,3 millions de bouteilles. Cette reprise des exportations serait notamment le fait des vins blancs, en hausse de 18% et, semble-t-il, des vins de Chablis en particulier. Les vins rouges ont connu une hausse plus mesurée à +5,6% et ont surtout été mieux valorisés (+15%).
Quant au Japon, il représente le troisième marché en valeur, avec 12% d’exportations en valeur et 9% d’exportations en volume. « Avec la catastrophe qu’il s’est produite, nous avons des craintes évidemment. Mais il est également évident que nous relativisons par rapport au drame que le pays vient de vivre », précise Frédéric Dupray. Une opération prévue au mois de mai 2011, Terroirs et signature – sorte de mini salon des vins avec des invités japonais -, est maintenue à ce jour.
Grand Dijon : Pourquoi la « classe moyenne » n’en peut plus des responsables politiques
C’est la France du milieu. Le Français médian gagne environ 1.500 euros par mois. La moitié des habitants sur le territoire national gagne plus que lui, l’autre moitié gagne moins. Chaque mois, ce Français moyen – au regard de la statistique – paye d’abord ses dépenses incompressibles : électricité, eau, gaz, logement, qui représentent 38% de ses dépenses totales (contre 21% en 1979). Ensuite, il faut payer l’alimentation, les transports, la santé et l’éducation. Une fois tout cela réglé, il lui reste environ 300 euros par mois* pour les loisirs, l’habillement, les vacances et les biens d’équipement du foyer. 50% des Français médians ne partent pas en vacances. 50% n’ont pas accès à Internet à domicile. 40% n’ont pas de livret d’épargne. Quelques jours avant les élections cantonales, MédiaPart s’en est allé interroger ces Français qui ne souffrent d’aucun manque vital mais qui jouissent de peu de plaisirs. Ils sont assistant-comptable, webmaster, pâtissier, infirmier, ou retraités. MédiaPart est venu les rencontrer à Dijon, en Côte-d’Or, une ville moyenne, pas spécialement frappée par la crise. Au final, bien peu ont parlé des élections des 20 et 27 mars 2011 : la plupart ne savaient même pas s’ils étaient appelés aux urnes. L’idée n’était pas, comme face à un responsable politique, de pointer leurs contradictions. Mais de leur donner la parole. Au-delà de la diversité des opinions politiques, se dégage un sentiment d’abandon, de lien cassé…
Daniel, 70 ans, retraité : « Les syndicats ne se battent pas »
Daniel a adhéré au Parti Communiste le 10 mai 1968. Il l’a quitté il y a deux ans, après 40 ans de vie commune : « Je n’ai pas digéré l’alliance dijonnaise PS/modem/PC », qui a conduit à l’élection du maire socialiste François Rebsamen. A 68 ans, Daniel a rendu sa carte.
Sorti de l’école à 14 ans, ouvrier dans le bâtiment pendant quinze ans puis ouvrier d’entretien à l’éducation nationale pendant trente ans, il est à la retraite depuis dix ans, touche environ 1.200 euros, comme sa femme. Sur son temps de retraité, Daniel préside une association d’usagers du crédit municipal, et s’inquiète des discours qu’il entend:
« Les gens ne savent plus vers où se tourner. Ceux qui nous dirigent ne savent pas ce que c’est que d’avoir 1.000 euros par mois, de ne pas avoir les moyens de sortir, et pour seul divertissement la télévision. Avez-vous déjà croisé un politique dans la queue des Restos du cœur ? Les gens modestes n’en peuvent plus. Et le jour où ils sentiront qu’ils peuvent prendre leur revanche, même avec un régime autoritaire, ils la prendront. La pauvreté n’engendre pas la révolte. »
Daniel a de la sympathie pour Jean-Luc Mélenchon : « Lui a au moins le courage de dire les choses sans langue de bois. Cela change. Les gens qui ont plus de 40 ans entendent le même discours depuis des décennies ».
Mais Daniel, proche de la CGT, est encore plus dur avec les syndicats qu’avec les politiques. « Pendant la réforme des retraites, les gens ont eu l’impression que les syndicats ne se battaient pas. Vous avez entendu des dirigeants syndicaux se mettre en colère ? Ça se faisait avant, du temps de Henri Krasucki. On en pensait ce qu’on voulait. Mais au moins il y avait de la révolte, pas les discours académiques que tient un Bernard Thibault aujourd’hui. La CGT est incapable de transmettre la souffrance du monde du travail. Il ne s’agit pas de faire de la démagogie. Seulement, la colère, les gens ne la retrouvent que dans le discours du FN. Jamais je ne voterai FN mais en termes d’analyse, Marine Le Pen tape plus juste que n’importe quel parti de gauche. Elle parle mieux des difficultés sociales. »
Comme les partis politiques, les syndicats seraient aujourd’hui à côté de la société : « Regardez les dirigeants des Unions départementales. On ne trouve que des cheminots, des EDF. Et seulement de temps en temps, un gars du privé. Cela ne reflète pas la majorité du monde du travail ». Selon Daniel, « les gens ne se retrouvent pas plus dans les associations. J’ai été à une réunion d’Attac. Ils parlent des inégalités, c’est bien, mais ce sont des intellectuels : on ne comprend pas un mot sur trois. Ils ne savent pas se mettre à la portée des gens. Et il n’y a rien de plus dangereux que de détourner des gens qui cherchent à comprendre. Le FN s’engouffre dans ce vide, profite de l’amertume de gens de 58 ans, qui ont l’air de vieillards, qui n’en peuvent plus de travailler dans le bâtiment à cet âge, et qui ne voient pas le bout. Quand on lit l’histoire, et qu’on voit ce que sont devenus pendant l’Occupation des gens bien comme tout, des gentils… Ce n’est pas un sondage qui me fait dire ça : ça fait deux ans que je le sens. C’est la première fois de ma vie que j’ai peur comme ça ».
Céline, 29 ans, responsable de magasin chez Picard : « On ne gagne pas beaucoup par rapport à quelqu’un qui gagne le RSA »
Céline gagne 1.300 euros par mois, comme son « pacsé« , qui travaille au service des sports de la mairie. Ils ont un enfant de 1 an et demi et s’en « sortent difficilement. Tout monte: gaz, électricité, nourriture, essence. Cela devient très juste entre le crédit voiture, les 280 euros de la crèche. On fait attention. On mange de la viande rouge une fois par semaine. Avant, c’était deux fois ».
Les dernières vacances de Céline remontent à 2004. « Depuis, on a pris des congés, mais on n’est jamais partis de Dijon. Chaque année, je regarde les prix, je calcule. Mais on ne peut pas. Surtout qu’on a le projet d’acheter une maison à 20 ou 30 km de Dijon. Ça coûte 250.000 ou 300.000 euros. »
Ce changement de logement irait avec un bouleversement plus profond : « C’est une vie qui ne me convient pas de vivre sans profiter. J’aimerais bien devenir assistante maternelle. En ce moment, je ne vois jamais mon fils. Avec mon pacsé, ça crée aussi des tensions. On travaille chacun un week-end sur deux, pour avoir les primes. Du coup, on ne se voit pas beaucoup. Même si de mon métier, je n’ai pas à me plaindre ».
Pour Céline, « en France, il y a trop de social. C’est nous, la catégorie au milieu, qui en pâtissons le plus. On ne gagne pas beaucoup par rapport à quelqu’un qui gagne le RSA. Eux ont le droit à tous les tarifs sociaux sur Internet, le gaz, l’eau ».
Il y a peu, elle a embauché un salarié à 20h par semaine. Il touche 700 euros par mois, mais avant ça il touchait un chômage de 1.000 euros. Elle assure qu’avec le RSA, il gagne 1.200 euros par mois pendant 15 mois. « A peine moins que moi, en bossant juste 20 heures. Je trouve ça dégueulasse. Si vous rajoutez les tarifs sociaux, le droit à l’Aide au logement, il gagne plus que moi ! ». Le chômage, pour elle, est un faux problème. « Moi j’ai toujours travaillé. Ici, je reçois peu de CV. Et dès que je dis qu’il faut travailler le week-end, ça n’intéresse plus les gens. »
Depuis qu’elle a l’âge de se rendre aux urnes, Céline a toujours voté FN. Parce qu’il y a « un gros souci en France au niveau de l’immigration. A Dijon, ça va encore. Mais c’est une catégorie de personnes que je ne supporte pas. Ils ne travaillent pas, ils profitent du système. Les faits divers, ce ne sont jamais des noms français. Ils ne veulent pas s’adapter. Il faut que la France reste la France. Je ne vois pas pourquoi il faudrait autant de mosquées que d’églises ».
Le « nouveau » discours du FN, elle n’en pense pas que du bien. « C’est un plan pour les élections, pour être élu. Si ça peut leur permettre de gagner la présidentielle, et je pense que c’est possible, tant mieux. Mais j’ai peur que ça revienne à une campagne comme les autres. » Céline ne parle pas là des cantonales, elle ne sait même pas si elle votera. Mais bien de la présidentielle. « Sarko, je n’y ai jamais cru. Je le trouvais faux. Et puis c’était trop. Tout ne peut pas être changé comme ça. Travailler plus pour gagner plus ? On n’a rien vu. Moi si je pouvais travailler 50 heures par semaine et être payée en conséquence, je le ferais. »
Même désarroi sur la justice : « Quand on voit les faits divers, quand on regarde les peines, il n’y a pas de changement flagrant ». Céline dit qu’elle a « les idées bien arrêtées ». Elle se plaint de l’Europe, des délocalisations de la disparition des usines, des emplois dans le service public, et entre chaque sujet, revient à l’immigration. « Avec ce qui se passe en Tunisie, je me dis que les gens vont encore atterrir chez nous ». Les chiffres qui attestent le contraire ? « Il ne faut pas les regarder. Ils sont truqués. »
* Source : Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie (Credoc).
Dalila, 51 ans, conductrice de bus : « Sarkozy, ce n’est pas le FN
Dalila vit seule avec ses trois enfants. Son salaire de 1.500 euros pour conduire un bus (30 heures par semaine) ne lui suffisant pas, elle a pris deux jobs supplémentaires. Elle distribue pour la poste 14 heures par semaine (pour 500 euros). Et le journal local Le Bien public, deux nuits par semaine (entre 2h et 6h du matin), pour 200 euros.
Un jour, il y a huit ans, son mari est « parti travailler ». Il n’est jamais revenu. « Sans donner un mot d’explication », ni à elle ni à ses trois enfants, alors âgés de 8 mois, 7 ans et 11 ans. « C’est le plus grand échec de ma vie. »
Depuis, Dalila roule tous les week-ends, tous les jours fériés. Mais ça ne suffit pas. Elle paye 795 euros par mois pour sa maison : « Je n’ai pas envie de vivre en HLM. Les voyous, ils m’embêtent déjà quand je distribue le journal la nuit. Je n’ai pas envie de me prendre la tête avec eux tout le temps ». Depuis trois mois, son fils aîné ayant eu 20 ans, elle touche 177 euros de moins de prestations sociales. « Il n’a pas fini ses études. Ce n’est pas logique que la prestation ne soit plus versée. » Depuis, le dimanche, elle n’achète même plus de gâteaux et de cidre. « Il n’y a plus la place pour la gâterie du dimanche. On ne va plus du tout au McDo et au Quick. »
Elle a décidé de se trouver une activité pour la seule plage horaire qui lui restait, le dimanche matin (hormis le mercredi, jour de repos), bien que ses enfants tentent de l’en dissuader. « Ils me disent que je vais y laisser la peau mais on en a besoin. Je leur dis: “Les p’tits loups, je roule pour vous.” Et je vais trouver autre chose : vendeuse, repassage, peu importe. Il me faut 4 heures. Mon fils aîné va commencer à travailler le 1er juillet. Je n’ai plus que quelques mois à tenir à ce rythme. » Dalila a mis de côté 1.200 euros pour que son aîné puisse acheter une voiture pour aller au travail, à 60 km de Dijon. « Bientôt, c’est convenu, c’est lui qui me donnera un peu d’argent. »
Tous ensemble, ils continueront le premier week-end de juillet d’aller faire les soldes à Troyes, avant de rejoindre le parc de Nigloland. « C’est un week-end qui coûte 450 euros. Mais une fois par an, c’est grand luxe. Clim’, jacuzzi et tout. C’est top de top. »
Entre deux boulots, Dalila pense politique. Elle reproche au maire d’avoir retardé l’ouverture des écoles d’une demi-heure. « Vu l’heure à laquelle je dois être au dépôt de bus, je suis obligé de prendre une nourrice le matin, pour accompagner un enfant à l’école. C’est rageant. » Le maire socialiste, de toute façon, elle ne peut pas le voir. Son père à elle, Algérien, combattant dans la deuxième division du général Leclerc pendant la Seconde Guerre mondiale, collait des affiches pour Robert Poujade (maire de Dijon de 1971 à 2001) dans les années 1960.
Elle est restée dans la ligne. « Le maire, c’est le socialisme caviar. Je ne vois pas ce qu’il y a de social chez lui. Il est seulement intéressé par la piscine olympique, le tramway… »
Tout en votant à droite, Dalila est déléguée CGT à La Poste, où elle « défend le personnel. On est exploités, sous-payés. Ils sont 80 derrière moi ». Mais contrairement à eux, elle « n’a pas défilé pour les retraites ». Elle n’a pas bien vu ce que le « Travailler plus pour gagner plus » changeait à sa vie, mais elle n’est pas pour autant déçue par Sarkozy : « Son problème, c’est qu’il n’est pas bien entouré. MAM (ndlr : Michèle Alliot-Marie), c’est de la folie ».
Avec son père musulman, Dalila dit ne pas pouvoir voter FN. « Mais étant de souche algérienne, je peux le dire : il y a beaucoup trop d’étrangers en France. Et la ville de Dijon paye les déplacements en bus des Roms ! Alors que moi qui travaille dans la compagnie de bus, qui part à 6h15 et rentre à 21h tous les jours, je paye 48 euros le pass de mes enfants. » Dalila défend mordicus son président : « Il ne fait pas pire que tous les autres et il ne faut pas exagérer, ce n’est pas le FN. Il ne veut pas renvoyer les immigrés de trois générations dans leur pays ! ».
Catherine, 35 ans, intermittente du spectacle en production : « Jospin me manque »
Bon an mal an, Catherine gagne 1.500 euros par mois, tout comme son compagnon, responsable de rayon à la Fnac (1.400 euros + des primes). « Lui, il a peu de possibilités d’évolution. Si on veut gagner plus d’argent, c’est à moi de faire le nécessaire. »
Le couple a un enfant et vit dans un appartement qu’ils louent à Dijon, pour un loyer de 750 euros. Ils voudraient acheter, « pas tant pour posséder que parce qu’on pense à nos vieux jours. Penser à la retraite à 35 ans, c’est nul. Mais bon, avec notre système de retraite et mon statut précaire, on est bien obligés ».
A eux deux, ils parviennent à mettre 150 euros de côté chaque mois. « Jusqu’à 30 ans, j’ai travaillé pour des clopinettes. Mais à un moment donné, ça va. Ce n’est pas parce qu’on aime son travail qu’il n’a pas de valeur. » Catherine n’a pas à se priver. En revanche, pour les extras, « c’est système D ». Son réseau culturel lui permet de dénicher les places de concert et de cinéma gratuitement. Ils partent donc une fois par an, en se serrant un peu la ceinture.
Avec ces revenus, Catherine ne pourrait pas vivre à Paris. De toute façon, elle rêve plutôt de Lyon, Bruxelles, Berlin. D’ailleurs.
La politique, elle, ne la fait pas rêver. « J’étais très politisée jusqu’en 2002. Quand Jospin a perdu, j’ai commencé à désespérer. Maintenant, je désespère totalement. Dans mon travail, je suis atterrée par le fonctionnement de certains services techniques politiques: ils ne savent pas ce qu’on fait. »
Selon Catherine, « les politiques ne se penchent pas sur les besoins des électeurs. Les liens sont cassés de toutes parts. Je ne vois que des gens qui se tirent dans les pattes, pas des personnes soucieuses d’une éthique de fond pour nous sortir de la merde ».
Catherine dit qu’elle « ne comprend pas la politique du gouvernement en matière de chômage. Pourquoi stopper les emplois-jeunes ? ». En 2007, elle a voté Verts, puis Ségolène Royal. A présent, elle se sent plus écolo encore. « Je crois qu’ils peuvent avoir une vision politique globale. Repenser l’économie par l’écologie ».
A titre personnel, elle ressent une « lassitude de lutter. Les luttes ne mènent nulle part. Ni pour les enseignants, ni sur les retraites ». Du coup, elle se dit « pas assez attentive à la politique. J’ai la tête dans le guidon. J’essaie surtout de m’en sortir ». Abonnée aux Inrocks, auditrice des infos à la radio, elle explique : « Je vois difficilement les figures sur lesquelles reposeraient mes espoirs. Il y a une jeune, je ne me rappelle pas le nom… ». Cécile Duflot ? « C’est ça. Mais bon, elle est trop jeune, pas assez mise en lumière pour avoir une chance. Mais elle parle vrai, avec sincérité. »
Catherine explique qu’elle a entendu que « Marine Le Pen montait ». Il est « un peu tôt » mais elle s’interroge déjà : « J’aimerais mettre un bulletin de vote proche de ce à quoi je crois mais je vais vraiment me poser la question. Est-ce qu’il faut prendre le risque (de disperser les voix de la gauche) ? Tout va dépendre du candidat socialiste. J’aimerais une entente avant les élections. C’est par des compromis qu’on peut y arriver. Jospin me manque. Il savait rassembler. Il y avait de la sincérité chez cet homme. On le disait austère. Mais on ne demande pas aux hommes politiques de danser sur les tables ».
Meryl, 34 ans, manager en fruits et légumes chez Intermarché : « Quand on entend Marine Le Pen, elle nous fait croire qu’elle ferait vraiment le travail »
Meryl n’est pas content de sa situation. A Intermarché, le boucher est nettement mieux payé. Idem pour ceux qui s’occupent des fruits et légumes à Auchan et Carrefour. Meryl gère le stock, négocie les prix. « Un boulot assez physique. Il faut toujours porter du lourd. » Il regrette : « Je suis dans la tranche où on n’a rien ». Il parvient à mettre 75 euros de côté sur les 1.400 qu’il touche chaque mois. « Heureusement, je ne fume pas. Mais j’ai un chien. » Après avoir tout payé, il lui reste 350 euros. Une bonne partie part dans l’essence, pour des allers-retours à Auxerre, sa ville natale. « Sans compter les 16,20 euros d’autoroute. »
Cela fait huit ans que Meryl n’a pas pris de vacances, « au sens d’aller loin, dans une autre ville ». Dans son quotidien, il arrive à s’en sortir. Mais il aimerait devenir cadre. Il gagnerait plus. « Et on n’est pas obligé de pointer. » Il en a marre de faire 6h-9h45 ; 12h-16h.
En 2007, il a voté Sarkozy. « J’avais pas mal d’espoirs. Son travail me plaisait au ministère de l’Intérieur, sur la sécurité routière. Je suis content sur les Roumains (sic), il a fait ce qu’il avait dit, à peu près. Il y en a marre qu’il y en ait partout. Ils viennent sans argent et il faut tout leur trouver : un appartement, des papiers… Je ne suis pas contre qu’il y en ait. Mais quand on sature, on sature. Et à Dijon, il y en a partout ». Au visiteur qui n’en a pas croisés, il indique une mendiante devant le Carrefour. « Parfois, ils sont même mieux habillés que vous. »
Aujourd’hui, il regrette le fonctionnement de la justice : « Jusqu’à l’arrestation, ça va. Mais tout le suivi derrière, ça va pas. Ils violent, tuent, et derrière, rebelote. Ils ne voient pas de médecins, il n’y a pas de suivi ». Sarkozy critique la justice ? « J’en sais rien mais il n’ouvre pas de prisons. Et si la justice n’a pas de moyens pour travailler, ce n’est pas facile non plus. »
Du coup, en ce moment, son regard se tourne vers « Marine » : « Quand on l’entend en ce moment, elle nous fait croire qu’elle ferait vraiment le travail. De la droite et pas de la gauche. Pour le travail, je ne suis pas sûr qu’elle apporterait grand-chose, mais elle est moins crue que Jean-Marie. Jean-Marie, j’aurais eu du mal. Je ne suis pas non plus un extrémiste. Il me faisait peur. Sur la Seconde Guerre mondiale, il était parfois un peu trop sec. Elle a compris les erreurs de son père. Dans le fond, c’est la même chose. Mais elle est beaucoup plus maline. Le fait que ce soit une femme, ça décomplexe les gens. Avant, j’aurais parlé à voix basse. Là, ça ne me dérange pas de vous le dire dans un café. Ça m’est égal ».
Meryl, qui n’arrête pas de citer des témoignages entendus sur RMC, pensait que « Sarko viendrait plus vers les classes moyennes ». Et ce n’est pas avec son discours sur l’islam qu’il va le faire revenir. « Je n’y crois plus. Il l’aurait déjà fait, depuis quatre ans. Ceux qui prient dans la rue, c’est inadmissible. A Auxerre, la mairie donne plein d’argent pour construire la mosquée », s’imagine Meryl. « Et à Dijon, ils ouvrent un magasin de kebabs, vendent dix sandwichs par jour, et s’offrent des voitures neuves ! On en croise qui vivent en France depuis 40 ans et ne parlent pas un mot de français. Bon pour eux, c’est trop tard, mais il faut arrêter de donner des papiers aux nouveaux ».
Philippe, 29 ans, pâtissier : « Je n’ai rien à faire chez moi à part regarder la télévision »
A 24 ans, Philippe a quitté Le Creusot, sa ville natale. « Il y a de moins en moins de travail là-bas. Les usines ferment. Ça devenait compliqué de trouver des boulots d’intérimaire. » Philippe a obtenu un bac pro en mécanique, puis a tenté un BTS technico-commercial, raté à cause de l’anglais. « L’oral, c’est pas mon truc. » Mais la mécanique, c’est pas son truc non plus. « Quand on m’a orienté à la fin du collège, on m’a dit: “Il y a de la place ici.” Alors j’y suis allé. »
Après un bilan de compétences à l’ANPE, il décide de faire de la pâtisserie via un centre de formation en apprentissage. Aujourd’hui, il gagne 1.300 euros par mois. « Je vis tout seul, je ne suis pas dépensier. J’achète seulement si j’ai l’argent, je n’aime pas les crédits. » Ses rêves ? Une mustang des années 80 – « Ça tourne autour de 13.000 euros ». Des voyages aussi. « Et être propriétaire. Ce serait bien. »
Pour l’instant, il loue. Ne se prive pas au quotidien. « Je ne mange pas beaucoup de toute façon. » Il commence à travailler à 5h, finit à 13h. Traîne un peu « parce que je n’ai rien à faire chez moi à part regarder la télévision. Quand je rentre, je suis fatigué, je n’ai plus d’envies ». Il se couche vers 22h. Prend ses jours de repos le mardi et le mercredi, en profite pour faire le ménage, bricole si besoin.
Philippe ne discute pas de politique, parce qu’il ne discute pas tout court. A Dijon depuis cinq ans, il ne connaît pas grand-monde, la faute à une certaine « timidité » et à sa vie décalée, alors que son ton est badin, son sourire permanent. « Au bureau on rencontre des gens. Moi, à part mon patron, je ne vois personne. J’ai du mal à nouer contact. Les boîtes de nuit, c’est pas mon truc. »
L’actualité, il la suit en pointillé. Pour se « tenir au courant », il regarde « C dans l’air » sur France-5, une émission de débats diffusée en fin d’après-midi. En 2007, il a voté, « les deux fois pour… Comment elle s’appelle déjà ? ». On lui souffle Ségolène Royal. Il enchaîne : « Quand les candidats promettent, ils devraient signer un contrat qui les obligerait à respecter ce qu’ils ont dit ». Sans qu’on lui ait rien demandé, il précise : « Je ne le connais pas mais je voterais bien Strauss-Kahn. En fait, je ne sais même pas de quel parti il est. Mais je ne me pose pas trop ces questions-là. Je suis dans mon travail, et je pense moins aux autres. Je vois juste que les politiques n’utilisent jamais leur argent personnel ».
« D’origine portugaise », il s’inquiète des résultats du FN. « Quand on est venus pour travailler dans les usines, les Français étaient bien contents de nous avoir. » Son frère y travaille toujours. « C’est pas mal parce qu’il a Noël, le jour de l’an. Moi j’aimerais bien passer Noël en famille. Mais bon, faut bosser ces jours-là. »
Ce que les politiques pourraient apporter à sa situation personnelle, il n’y a pas réfléchi. « Ah si, j’aimerais bénéficier des aides pour les téléphones portables. Et puis le prix du gaz, de l’essence, de l’électricité aussi. Et obliger les propriétaires à louer leurs appartements au bout de 18 mois. » En attendant, Philippe essaie d’économiser un peu : 150 euros par mois. « Quand on utilise tout son argent, à quoi ça sert de travailler ? », demande-t-il. Du coup, il ne met pas de chauffage chez lui. « Je ne suis pas frileux. Mais pour l’instant, je m’en sors parce que je vis seul. Mais si je suis en couple ? Ce serait plus dur financièrement. Et on peut vivre avec une personne frileuse, par exemple. »
Nathalie, 40 ans, assistante dans une agence immobilière : « Je ne vois pas les choses changer et comme je n’y comprends rien… »
A40 ans, Nathalie « pense » avoir toujours voté blanc aux présidentielles. « Je ne me sens pas impliquée. Je vote parce que c’est un droit qu’on a obtenu de haute lutte. Mais c’est beaucoup de blabla. Au quotidien, je ne vois pas les choses changer, et comme je n’y comprends rien… C’est comme à l’école quand une matière ne vous plaît pas. Bon, encore heureux que tout le monde ne soit pas comme moi. »
Au niveau local, elle situe mieux les enjeux. « C’est plutôt une question d’individus. » Et a donc déjà voté, socialiste, à droite également : « Il y a de bonnes idées partout. » Elle cite l’école qui paye les fournitures scolaires, qui rend les livres gratuits.
Aux cantonales, elle ne se déplacera pas. Ne s’y intéresse pas. En 2007, elle aurait pu : « Le discours de Sarkozy donnait envie. Je pensais : « Enfin quelqu’un qui a de la poigne ! » Il allait dans les cités faire le bras de fer. Mais aujourd’hui, les bus sont toujours caillassés. Lui ou un autre, ils ne feront pas de miracle. J’ai apprécié qu’il aille au bout sur les retraites, mais il n’a pas su expliquer aux jeunes… ».
Ce qui l’a déçue, c’est « son mode de vie, qui n’a pas changé, ce “Faites ce que je dis, pas ce que je fais.” Combien de chauffeurs qui promènent Madame la ministre ? Et les jets privés, les tapis rouges… Combien d’argent pour un repas de chefs d’État ? Le prestige, je veux bien, mais ce n’est pas un peu secondaire par rapport aux baisses d’effectifs scolaires et hospitaliers ? Tous ces repas, c’est combien de postes de profs qu’on pourrait sauver ? Alors que nous, on est toujours dans le mode sécurité ».
Comprendre, à faire des économies : « Ça fait des années qu’on vit comme ça. Les enfants râlent. Se plaignent que telle copine va à EuroDisney, qu’un autre va toutes les semaines au cinéma. Je réponds : “C’est bien. Mais nous, on n’a pas les moyens.” Bon, les enfants sont déjà allés au restaurant. Et cet été, on est partis une semaine à Center Parc. En plus d’une semaine ici, à Dijon ».
Nathalie pourrait pourtant gagner plus. Comme il y a quelques années, quand elle était comptable en région parisienne, à Vaujours, « dans le 9-3 ». Elle dit : « J’ai fait un choix. Je voulais écarter les enfants de la banlieue parisienne. Plutôt que de les mettre dans le privé, on a préféré partir. Je ne regrette pas. La banlieue, c’est toujours l’angoisse, le stress. Vous ne pouvez pas montrer ce que vous avez, il faut toujours cacher son sac à main sous le siège, on ne peut sortir le soir sans avoir peur. Ici, on habite à 17 km de Dijon. On a notre maison, notre jardin. On est tranquilles ».
Abdel, 35 ans, infirmier : « Mon vote, ce sera pour que le lobby financier n’arrive pas en tête »
Abdel gagne près de 2.000 euros par mois, mais à ses yeux il fait partie de la classe moyenne. Sa femme aussi est infirmière dans un hôpital de Dijon. Ils habitent une banlieue résidentielle, à Talant. Ont une fille de 11 mois. A la question de savoir comment ils vivent, « on vit », répond Abdel, comme en écho au « on survit » souvent entendu chez les Smicards et les plus pauvres. Issu d’un milieu « très modeste », Abdel dit « faire attention ». Il s’accorde un luxe, la chasse, entre octobre et février.
Sinon, Abdel le regrette mais il n’a pas le temps de s’investir en politique. Il suit surtout ce qui concerne les réformes de l’hôpital. Il se dit « plutôt à gauche », sans croire aux clivages politiques français : « Gauche et droite ont les mêmes objectifs ». Par le passé, il a voté Besancenot, « jamais à droite ni à l’extrême droite ». « Le seul bord qui respecte le social est considéré comme de l’extrême gauche. Mais comme historiquement, l’extrême gauche n’a jamais donné quelque chose de bon… » Il n’achève pas sa pensée.
Il se dit surtout attaché à « l’anticapitalisme ». Aux Cantonales, il ne sait pas ce qu’il fera. Pour la Présidentielle, « c’est encore trop tôt ». « On dit que les gens d’origine maghrébine sont censés voter à gauche. Moi, si la droite proposait quelque chose de bien, je ne m’opposerais pas. » On ne le pousse pas sur l’extrême droite mais il précise de lui-même : « Même dans le programme du FN, quand elle évoque le retour au franc, je suis d’accord avec elle. Il y a du bon dans tous les programmes ».
Il finit par citer Alain Soral, passé de l’extrême gauche à l’extrême droite, « une référence. Il a beaucoup participé à forger mon opinion. Il a balayé tout le champ politique. Il rejette les ultra-libéraux, comme moi. De toute façon, mon vote, ce sera pour que le lobby financier n’arrive pas en tête. Et si ce n’est pas possible au second tour, je ne voterai pas. Mon bulletin doit refléter ma vision de l’avenir ».
Ludovic vit à découvert, « même en faisant gaffe ». Lui et son amie ont « un passif », ils « en bavent un peu », se débrouillent pour alterner celui dont le compte bancaire affichera un solde négatif. Tous deux vivent dans un quatre-pièces de 70 m2, au prix de 790 euros. Fous de produits culturels, ils font attention à ne pas abuser. Et parviennent même à s’offrir un week-end en amoureux à Paris de temps en temps.
Malgré tout, Ludovic dit qu’il vivait presque mieux quand il avait un emploi-jeunes et pas d’impôts à payer.
Un temps, il a presque milité au PS, derrière Arnaud Montebourg et son courant « Rénover maintenant ». C’était avant 2007. Ensuite, il a été pris par des problèmes personnels. Et a été effrayé par la machine PS, la difficulté à se faire entendre. Il n’a pas repris sa carte. « Il y a tellement d’échelons dans le parti : on est écrasé par le pouvoir pyramidal. Même à Dijon, on ne peut pas exprimer une voix discordante. »
Il aimerait pourtant défendre une ligne « sans concession », cite « PMF » (Pierre Mendès France). S’étonne qu’on s’étonne d’une référence d’un autre siècle. Quand il parle du PS pour qui il a toujours voté, il évoque un manque de crédibilité, l’absence d’alternative. « C’est toujours en réaction au gouvernement. Il n’y a pas d’imagination. Mitterrand, au moins, il donnait envie. »
Ce qui choque surtout Ludovic, c’est l’attitude des élus, qu’il voit essentiellement au niveau local. « Ils utilisent les mandats à leur service. C’est le cumul de mandats ou de fonctions généralisé. Mais comment peuvent-ils tout gérer ? Les gens se disent que ce n’est pas crédible, que leur objectif n’est pas vraiment d’être “au service de” ? C’est tout pour la carrière politique. »
Jusqu’à présent, Ludovic dit qu’il ne prenait pas en compte ces critères dans ses choix de vote. Mais cela pourrait changer. « Les gens ont l’impression qu’on se fout de leur gueule. Alors forcément, il y en a qui vont vers Marine. C’est Le Pen avec des paillettes. »
Ludovic commençait à s’intéresser à Europe Écologie mais une amie s’est fait dégager injustement lors des dernières régionales. « Même chez eux, on retrouve des pratiques qui favorisent les vieux caciques. » Il dit qu’il ne votera par défaut. « Plutôt voter blanc. »
Ahmed, 43 ans, réceptionniste de nuit : « La pénibilité du travail de nuit devrait être prise en compte »
Ahmed ne se considère pas comme faisant partie de la classe moyenne. « Pour moi, la classe moyenne, c’est être propriétaire de sa maison. » Lui vit en HLM à Chenôve, dans le Grand Dijon (550 euros pour un quatre-pièces), avec sa compagne et ses deux enfants. Avec eux, mais sans trop les voir. Il travaille entre 23h et 7h du matin. « Je vis à l’envers. » Dix ans dans le groupe Accor, dont quatre ans dans son hôtel actuel. Avant ça, il a fait « un peu de tout ». « On arrive à se payer une semaine dans un gîte en Bretagne, tous les deux ans. »
A présent, sa femme travaille également, comme auxiliaire en puériculture. Cela va mieux. Mais ce n’est pas encore ça. Il se dit « mitigé » : « On est moins derrière chaque centime. Mais c’est compliqué pour la garde des enfants, la cantine. D’autant qu’on a une seule voiture. Bon, elle a envie de travailler. Mais sinon, cela ne vaut pas trop le coup vu ce qu’on gagne par rapport à ce qu’on perd, plus le dérangement. Après, c’est peut-être ma culture macho qui ressort ! ».
Ahmed dort dans la journée, ne voit pas grand-monde. « Je suis tellement privé de social, que quand vous avez appelé, j’ai dit oui tout de suite. » Quitte à rater sa sieste. Ahmed s’est tellement habitué à sa solitude qu’il n’envisage même plus de monter les échelons. « Il faudrait bouger, être mobile. »
Arrivé en France en 1990, il a voté pour la première fois en 2007. Comme revendication politique, il parle de prime abord des retraites. « Le travail de nuit n’est pas reconnu comme pénible. Alors que notre rythme biologique n’est pas fait ainsi. Et puis il faudrait faire pression sur Mme Parisot (ndlr : Laurence Parisot, présidente du Medef). Revaloriser les salaires. »
Abid dit avoir un faible pour Mélenchon. « Il a mieux parlé des retraites que le PS. Moi je suis bien ancré à gauche. Quand on voit que Ségolène Royal était prête à prendre Bayrou comme premier ministre… Cette fois, je ne voterai pas utile dès le premier tour. »
Même si Marine Le Pen est bien placée ? « Elle suscite la curiosité. Moi-même je me demande ce qu’elle ferait si elle était au pouvoir… Si elle est vraiment dangereuse, il faudra peut-être lui faire barrage. Je déciderai au dernier moment. »
Aurélie, 29 ans, assistante commerciale : « J’ai peur d’une guerre civile, à force »
Aurélie travaille depuis ses 21 ans, mais seulement depuis quatre ans à Dijon, dans le secteur de la parfumerie. Elle vit avec un étudiant en sociologie, gagne 1.375 euros par mois. Ils habitent à présent dans un appartement familial et ne payent donc pas de loyer, contre 460 euros par mois auparavant. « C’était dur. Surtout les mois où il fallait payer EDF. »
Si Aurélie se paye des cours de tir à l’arc; son ami ne se l’autorise pas. De son côté, elle a renoncé à prendre des leçons de violon, son rêve. Alors qu’elle était payée 1.800 euros brut par mois à ses débuts, elle a dû accepter un Smic à Dijon.
Quand elle pense à la politique, c’est en se demandant « comment faire pour améliorer le quotidien ». « Les prix flambent. Et la loi sur les retraites, je l’ai prise comme une sanction. Il y avait d’autres moyens. Je ne comprends pas la logique qui consiste à nous demander de travailler plus longtemps alors qu’il y a autant de chômage. Il y a quelque chose qui m’échappe. Moi je n’ai pas envie de travailler jusqu’à 70 ans. A un certain âge, on diminue. » Aurélie dit le voir avec son père, qui était gardien de nuit, et sa mère qui assistait un dentiste : « Quand tu marches à côté d’eux, tout d’un coup, tu t’aperçois qu’ils sont derrière. Et puis ils retiennent moins les choses. »
En 2012, elle sait pour qui elle n’a pas envie de voter – « Besancenot critique, critique, mais il ne propose pas grand-chose » –, pas encore pour qui elle votera : « Il faut que je voie le programme de Mélenchon ».
Elle en vient à parler de Marine Le Pen : « J’ai peur d’une guerre civile, à force. Dans mon quotidien, je ne fréquente pas de gens tristes. C’est quand je vois les sondages que j’en prends conscience. D’ici six ans, je pense qu’elle peut être présidente. Les gens se disent : « Pourquoi pas essayer Le Pen ? » Comme si c’était rien. Alors pour ne pas revivre 2002, peut-être que je voterai PS au premier tour. Sauf si c’est DSK. Pour moi, il n’est pas socialiste ».
Suite de l’affaire Générali : Trois ex-salariés ont entamé une grève de la faim en Côte-d’Or
En lutte depuis 52 mois avec leur direction, les ex-salariés de Générali France auraient-ils obtenu gain de cause ? L’entreprise a en effet annoncé, jeudi 17 mars 2011, son souhait d’engager des rencontres entre les ex-employés et un cabinet spécialisé dans le but d’établir un bilan personnel et de trouver une solution de réinsertion. Parmi eux, quatorze ont engagé une grève de la faim, dont trois en Côte-d’Or, comme Patrick Garlatti que nous avions interviewé dans notre édition du 09 mars 2011 (Lire notre article ici).
Ils sont désormais trois en Côte-d’Or
Un constat d’échec pour celui qui proteste depuis début 2007 contre son licenciement économique, comme 86 des 200 licenciés : « La proposition de Générali est l’aveu publique de son insuffisance en 2007 mais elle nous donne raison sur la dénonciation que nous avons fait du PSE de misère de cette époque et que cette fameuse juge a rejeté en décembre dernier avec le reste de notre dossier ». La direction a, quant à elle, choisi de mandater le cabinet Sodie pour conduire des entretiens personnalisés avec les 210 personnes concernées. Il faut dire qu’aujourd’hui, rien qu’en Côte-d’Or, trois personnes ont entamé une grève de la faim : Patrick Garlatti bien entendu mais aussi Alain Laurent, habitant à Lucenay-le-Duc et Jean-Pierre d’Império. A 44 ans, cet habitant de Châtellenot, père de trois enfants, a fondé son agence de courtise en assurance en 2009 à Pouilly-en-Auxois et travaille sur les quatre départements de la région.
Si la pertinence d’une grève de la faim n’est pas toujours facile à voir dans de telle situation elle l’est encore moins du fait de l’isolement géographique de l’ensemble de ces acteurs. Pour Patrick Garlatti pourtant, le compte n’y est pas : « Personnellement j »ai actuellement perdu huit kilogrammes et la fatigue se fait ressentir. Mais je ne me plains pas car Eric Pillot – le premier salarié à avoir engagé une grève de la faim – doit être à moins trente kilos. Actuellement, nous sommes treize en grève de la faim, nous serons quinze la semaine prochaine et dix-sept si le ministère du Travail n’a toujours pas répondu à nos demandes urgentes de rendez-vous ». Dans un communiqué diffusé samedi 19 mars 2011, maitre Denis Delcourt-Poudenx a considéré que « cette annonce fait l’effet d’une provocation et risque de radicaliser le mouvement ».
En effet, selon lui, « le fait d’agir par voie de presse montre que Générali recherche exclusivement un effet d’annonce et de communication », déplorant que malgré quatre années de travail avec l’avocat de l’entreprise, aucune annonce ne lui a été faite personnellement. De plus, l’avocat estime que ces propositions viennent « bien tard puisqu’en principe, les mesures d’accompagnement et de retour à l’emploi auraient dû être incluses dans le plan social initial ». Enfin il est, selon lui, « ridicule et quasi insultant de proposer une telle mesure 52 mois après le licenciement alors que les salariés ont pour beaucoup d’entre eux retrouvé un emploi ou créé le leur et demandent la prise en compte de leurs différents préjudices et non pas une mesure totalement anachronique ».
Côte-d’Or : Un nouveau radar fixe installé à Tailly (RD 18)
Dans un communiqué reçu lundi 21 mars 2011, la préfecture de Côte-d’Or informe de la mise e service d’un seizième radar automatique fixe en Côte-d’Or : « La Préfète de la Côte-d’Or et le Procureur de la République se sont engagés à informer les usagers de la route de la mise en service de chaque nouveau radar automatique fixe dans le département. Les conducteurs sont informés qu’un nouveau radar, implanté sur la commune de TAILLY, RD 18, sera en service à compter de la date suivante : 23 mars 2011 à 00H00. Il fonctionnera dans le sens Beaune – Demigny ».
Pour en savoir plus, lire la suite du communiqué ci-dessous.
« La signalisation d’information de ce radar est également mise en place. Les usagers de la route sont également informés que ce radar a fait l’objet de tests techniques préalablement à sa mise en service. A cette occasion, il est à nouveau rappelé aux conducteurs que les dépassements de vitesse autorisée comptent parmi les premières causes mortelles d’accidents de la route. Le choix du lieu de l’implantation de ce radar se fonde sur des études d’accidentologie réalisées sur plusieurs années consécutives. Celles-ci ont désigné cet axe comme l’un de ceux où les accidents sont les plus graves du département. Le nouveau radar devra donc permettre de réduire leur nombre et leur gravité.
Le département comptait fin 2010, 14 radars fixes, dont le site d’implantation a été déterminé de la même façon sur les axes les plus accidentogènes. 259.694 infractions ont été relevées sur l’ensemble de l’année 2010 dont 203 617 par les radars fixes et 56 077 par les radars mobiles. 8,15% des infractions ont concerné des dépassements de vitesse supérieurs à 20 km/h par rapport à la vitesse autorisée, ce qui donne une moyenne de 711 infractions constatées chaque jour. Ce chiffre est encore trop élevé, même si des progrès sont constatés chaque année. Compte-tenu de ces résultats, les conducteurs sont appelés à nouveau à la vigilance et au respect des limitations de vitesse. L’implantation de ce nouveau radar devrait par conséquent contribuer à réduire les dépassements de vitesse dans des zones à forte circulation et contribuer ainsi à réduire le nombre de morts sur nos routes.
BONNE NUIT A TOUS
NOS CORPS S’UNISSENT
A la lueur de cette chandelle
Les yeux brillants, rempli d’étincelles
Je t’emprisonne de mon regard
Je m’abandonne à toi, c’est ta victoire
Nos corps s’unissent , moments de tendresse
Tu me fais rugir sous tes douces caresses
J’ai un désir pour cette folle nuit d’amour
Celui de rester prisonnier de tes bras pour toujours
Je deviendrais toi et toi mien
Mon coeur et mon corps vous appartiennent
Très fort le feu brûle dans mon coeur
Tu en consommes la chaleur
Je suis étonné par ton corps et ta beauté
Je te chérie pour ces instants à tes côtés
Je remercie le ciel de t’avoir mis sur mon chemin
C’est un merveilleux destin
L’AMITIE VIRTUELLE
L’amitié virtuelle
n’a pas de distance
ni de frontière.
Visage inconnu et imaginaire
Avec grand coeur
Et qui tous les jours se soucie de toi
se confie à toi
te souhaite le meilleur pour toi.
Le soir venu, vient te souhaiter une bonne nuit
et te dire à demain …
Bien souvent,
le matin,
elle est la première à te souhaiter
une merveilleuse journée …
C’est elle que tu ressens
aussi réelle que virtuelle
L’amitié est sacrée,
précieuse,
belle, généreuse.
il faut juste savoir la mériter.





