Plus d’élèves mais moins de professeurs pour la rentrée des classes 2011 ? Samedi 22 janvier 2011, près de 150 personnes se sont rassemblées place Darcy à Dijon pour manifester leur vive opposition aux 16.000 suppressions de postes d’enseignants prévues en France pour la rentrée 2011. En Bourgogne, alors que 312 élèves supplémentaires sont attendus pour la rentrée, ce sont 186 postes d’enseignants dans les collèges et lycées qui devraient être supprimés dans l’Académie de Dijon d’après les syndicats…
« Dans le budget 2011, nous déplorons une baisse de l’ambition éducative. La baisse des moyens, notamment ceux alloués aux réseaux d’aides spécialisées aux élèves en difficulté (Rased), va engendrer une hausse des inégalités entre élèves et la multiplication des échecs scolaires », regrette Martial Crance, secrétaire du Sgen-CFDT Bourgogne. « Pour les très bons élèves, pas de problèmes mais je suis inquiet pour la grande majorité des autres », poursuit Martial Crance, à l’instar de Véronique Martin de la Fédération syndicale unitaire (FSU) ou de Yasmina Soltani de la CGT Educ’action 21.
Justement, pour illustrer leurs inquiétudes et marquer les esprits, les manifestants du collectif « L’éducation est notre avenir », formé de 29 organisations syndicales, associatives et politiques, ont inauguré de façon symbolique la « porte des indignés, place de l’éducation perdue » [ndlr : à la place de la porte Guillaume, place Darcy]. Au pied de la porte Guillaume ainsi rebaptisée, les manifestants ont installé un mur d’expression « pour que chacun puisse laisser son témoignage ».
A quelques pas de la nouvelle plaque apposée par les manifestants, Michel Fallet, président départemental de la FCPE, dénonce pour sa part « une gestion purement comptable d’un système humain ». Le représentant syndical critique une politique gouvernementale qui serait contre-productive : « Les Français étaient réputés pour l’importance de leur culture générale et la qualité de leur formation. En portant à la baisse depuis neuf années le budget de l’Éducation nationale, on diminue la qualité de la formation des jeunes, par exemple en orthographe, ce qui est préjudiciable non seulement pour les jeunes mais aussi pour les entreprises ».
Quand à Yannick Plumet, enseignant au collège Bachelard au quartier de la Fontaine d’Ouche à Dijon, il est venu avec ses collègues. Tous sont très inquiets de la perte de moyens qui devrait frapper leur établissement à la rentrée prochaine. « Comment ferons-nous pour accueillir dans la dignité les élèves handicapés – sourds et déficients intellectuels légers – qui fréquentent nos classes ? Sans moyen, leur intégration aux classes ordinaires ne sera plus possible ; nous allons à l’encontre des textes voulus par le ministère. C’est absurde ! ».
Pour Bruno Lombard, de la Ligue de l’enseignement, le secteur scolaire n’est pas le seul concerné. « Le para-scolaire, qui fonctionne avec des dotations de l’Etat et des collectivités, est en difficulté. Nous organisons des sorties culturelles ou sportives pour les enfants dans le département. Les plus pénalisés par les baisses budgétaires seront ceux qui habitent le plus loin alors qu’ils ont déjà un accès plus compliqué à la culture ».