Mardi 11 janvier 2011, une dizaine de commerçants cheneveliers ont été conviés à l’hôtel de ville par Jean Esmonin, maire de Chenôve et vice-président du Grand Dijon, pour une réunion d’information concernant l’étendue des travaux du tramway dans leur quartier… qui débutaient le jour-même. A l’ordre du jour : la mise en place d’une signalétique adaptée et l’accord du Fond d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (FISAC) destiné à tous les commerçants directement touchés par les travaux du tramway…
Un bilan positif…mais pour qui ?
« En tout état de cause, les travaux seront terminés fin 2012 pour réduire au maximum la gène occasionnée par la mise en place du tramway. » Jean Esmonin, maire de Chenôve et vice-président du Grand Dijon, débute cette réunion par une information qu’un grand nombre de commerçants présents ignoraient jusque là. Bien que l’annonce ait été faite en septembre 2010, plusieurs de ces commerçants du quartier Kennedy étaient passés à côté : « Nous vous avons conviés pour vous informer, comme vous avez pu le constater, que les travaux de plateforme ont commencé aujourd’hui », continue Jean Esmonin.
Pour l’accompagner, André Gervais, adjoint au maire de Dijon et conseiller délégué aux transports en commun et site propre du Grand Dijon, préside la séance. « Après l’effort, le réconfort ! », assure-t-il aux commerçants. Un élan de bienveillance pour couvrir une suite qui s’annonce beaucoup plus noire : « 2011 sera l’année la plus difficile pour vous », annonce-t-il. Pour contrebalancer ses propos, André Gervais reprend un à un les aspects positifs qui émaneront de la mise en service du tramway : « Le tramway supportera environs 9.000 voyageurs par jour et ramènera Chenôve à 10 minutes de la gare de Dijon seulement ! », assure-t-il. Chacun reste attentif car ce qui se joue dans cette pièce peut entraîner soit la fermeture des commerces implantés depuis plusieurs années, soit leur expansion à long terme.
Un an de travaux : un quartier réévalué
L’annonce est faite : à partir du 25 janvier 2011, le boulevard Valendons ne circulera plus que dans le sens sortant de Dijon, et le boulevard Henri Camp se verra, en conséquence, surchargé car il deviendra la seule et unique voie d’entrée pour les véhicules provenant de l’extérieur. Un remaniement qui change complètement la vie du quartier. « Cela signifie que notre magasin rue Carraz ne sera plus visible ? », questionne Pierre Albert, secrétaire général du comité de Chenôve du Secours populaire. Les barrières installées dans la matinée bloquent effectivement l’accès à la boutique du Secours populaire qui, comme l’explique l’intéressé, « vit presque exclusivement grâce au magasin. Les fonds nous permettent de financer des voyages et de la nourriture pour aider les populations que nous soutenons ! ».
« Et pour notre accès handicapé, comment cela va-t-il se passer ? », questionne Édith Demontis, greffière à la Maison de la Justice et du Droit. Les élus restent perplexes ; voilà visiblement un point qu’ils avaient négligé. Finalement, André Gervais renvoie Édith Demontis au dépliant distribué en début de séance et répertoriant les numéros de téléphone préconisés en cas de problèmes encore non résolus… Mais les commerçants ne sont pas les seuls touchés par ces travaux de longue durée. Les services publics le sont également et leurs employés s’inquiètent des mesures mises en place concernant les changements d’entrée et de sortie de chaque service. « La signalisation est primordiale pour les familles que nous recevons. Nous savons d’ores et déjà que notre parking parallèle au boulevard Valendons, à Dijon, sera fermé. L’accès se fera donc à l’arrière de notre établissement. Il faut que cela soit bien indiqué ! », explique Viviane Gautheron, directrice du service petite enfance de la ville de Chenôve.
Un dédommagement moindre pour un coût maximal
Les questions suivent leur cours petit à petit : quels parking seront conservés ? Quels seront les accès piétons ? Comment pourront-ils se rendre au centre commercial ? Etc. Pour finalement en venir au point crucial tant attendu par tous : la question financière. « Un fonds a été débloqué par l’État pour vous indemniser et des animations commerciales seront mises en place », annonce Jean Esmonin. Pierre Albert en profite pour revenir à la charge : « Donc nous toucherons quelque chose pour notre boutique du Secours populaire ? Pourrons-nous bénéficier de ces animations commerciales ? ». Réponse : « Si vous faites partie de l’association des commerçants du quartier, oui », répond Jean Esmonin. Dommage, ce n’est pas le cas.
La question semble a priori résolue. Pourtant, elle soulève un problème inattendu : celui de l’inexistence de cette association, pourtant indispensable à l’indemnisation prévue par le Fonds d’intervention pour les services, l’artisanat et le commerce (Fisac), soit 323.781 euros à répartir entre les commerçants du Grand Dijon. « Pour que vous puissiez remplir chacun les dossiers du Fisac, il vous faut une association de quartier », précise Jean Esmonin. Une association qui, assure une commerçante, existe mais est « morte » depuis un moment déjà. Prochaine étape donc : remettre d’aplomb l’association des commerçants du quartier Kennedy. Mais pour Emmanuel Chenu, gérant de la boucherie des Valendons, cette indemnisation sera certainement bien moindre que les pertes engendrées par les travaux : « L’impact des travaux sur notre chiffre d’affaire se ressent déjà alors même qu’ils n’avaient pas encore lieu dans notre quartier. D’autant plus que certains de nos clients ne peuvent plus venir jusqu’à nous du fait de la suppression du passage des bus qui s’arrêtaient devant notre boutique ! ». Son souhait ? Que le passage du tramway à proximité lui permettra d’acquérir une nouvelle clientèle plus importante.
Alors que les travaux de plateforme, qui permettront la pause des rails ont d’ores et déjà débutés dans Dijon et son agglomération, les commerçants tentent de s’organiser. Mais les riverains sont également touchés par ces changements brutaux de circulation. La ville de Chenôve l’a bien noté et a convoqué, jeudi 14 janvier 2011, près de 3.000 Cheneveliers pour une séance d’information et d’explication. En attendant fin 2012 que le « cauchemar » des travaux prenne fin, le Grand Dijon tente d’anticiper et de parer à toutes les éventualités. Enfin une chose est sûre : le tramway n’a pas fini de faire parler de lui…